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l'istituto italiano per gli studi filosofici e gli studi di economia

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décomposent, mais nous ne savons pas prévoir si c’est celle-ci qui va se<br />

décomposer, ou celle-ci, ou encore celleci.<br />

Les évènements sont probabilistes, irréversibles et de plus ils commencent<br />

et se terminent, ils sont localisés dans l’espace-temps; et la physique est<br />

pleine d’évènements: les collisions entre atomes, l’émission de lumière, les<br />

réactions chimiques, sont tous des événements. Ces dualités entre loi et événement<br />

ont déterminé une grande partie de l’histoire intellectuelle de l’Occident.<br />

Une loi correspond à l’idée de déterminisme, de certitude; un évènement<br />

correspond à une description probabiliste, d’incertitude. Une loi<br />

est statique, un évènement conduit à une flèche, il s’est produit. Une loi est<br />

continue, les évènements sont <strong>di</strong>scontinus, et vous voyez tout de suite que<br />

ceci nous ramène, je <strong>di</strong>rai, à toute l’histoire, màme de l’antiquité; quand<br />

Démocrite écrit «les atomes et le vide», il su<strong>per</strong>pose la loi et la collision<br />

entre les atomes, donc l’événement. Quand Bohr écrit qu’il y a des orbites,<br />

c’est la loi, mais quand il y a des transitions entre les orbites, c’est l’événement,<br />

et le problème est comment réconcilier les deux. Evidemment, c’est<br />

au coeur même du problème des relations avec les sciences humaines, pour<br />

lesquelles l’événement est in<strong>di</strong>spensable; l’histoire humaine, finalement, ne<br />

se ramène pas seulement à des événements, mais quand même elle contient<br />

des événements, comme l’histoire naturelle du monde contient des événements:<br />

l’apparition de la vie ou l’apparition de l’univers.<br />

Je vous <strong>di</strong>sais que le rêve d’Einstein était d’éliminer l’événement, et c’était<br />

un problème qui préoccupait beaucoup d’autres grands physiciens, comme<br />

Pauli par exemple, qui, voyant qu’il n’y avait pas moyen d’éliminer l’événement,<br />

arrivait à une conception très pessimiste. Il parlait de l’irrationnel dans<br />

les sciences modernes. Pour lui la science aboutissait presque à une faillite,<br />

puisqu’elle ne pouvait pas pré<strong>di</strong>re l’événement. Et cette idée qu’événement et<br />

loi sont incompatibles est une idée qui est à la base de beaucoup de représentations<br />

mentales. J’ai toujours beaucoup aimé l’histoire d’Isaac Asimov<br />

qui s’intitule The Last Question, dans laquelle des hommes demandent à un<br />

su<strong>per</strong>-computer comment battre le second principe; et le computer <strong>di</strong>t «pas<br />

assez d’informations». Le temps passe, des millions d’années passent, le<br />

monde des hommes <strong>di</strong>sparaît, le computer continue à calculer, jusqu’au jour<br />

où il sait comment battre le second principe et à ce moment-là, un nouvel<br />

univers naît. Donc l’idée, c’est que la naissance de l’univers, comme tout événement,<br />

est une anti-loi. Il faut au fond battre d’une certaine manière la loi,<br />

le second principe, pour arriver à la réalité nouvelle.<br />

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