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l'istituto italiano per gli studi filosofici e gli studi di economia

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soient stupides et les astronomes intelligents, c’est parce que les types de<br />

système dynamique sont <strong>di</strong>fférents: les systèmes dynamiques de la météorologie<br />

sont des systèmes instables; c’est-à-<strong>di</strong>re que si je prends deux trajectoires<br />

qui <strong>di</strong>ffèrent très peu, quand le temps augmente elles <strong>di</strong>vergent<br />

exponentiellement; cette <strong>di</strong>vergence est régie par le temps de Liapunov, et<br />

nous avons donc un horizon temporel, un horizon au-delà duquel nous ne<br />

savons pas pré<strong>di</strong>re ce qui va se passer. Cela ne provient pas d’un élément<br />

irrationnel comme le pensait Pauli, cela ne provient pas d’une faillite de la<br />

raison, mais nous devons tenir compte de la con<strong>di</strong>tion humaine, nous<br />

devons tenir compte de ce que dans ces systèmes, nous ne connaissons<br />

jamais les con<strong>di</strong>tions initiales qu’avec une certaine approximation, (peu<br />

importe laquelle: <strong>di</strong>x décimales, cent décimales, un million de décimales,<br />

cela n’a pas d’importance), nous n’avons jamais qu’une fenêtre finie sur le<br />

monde. Il y a une <strong>di</strong>fférence essentielle entre une vision de la science<br />

comme Dieu ou les démons pourraient l’avoir et une vision de la science qui<br />

correspond à la situation de l’homme qui voit la nature de l’intérieur et qui<br />

n’a qu’une fenàtre finie. Dans un livre récent que j’ai écrit avec Isabelle<br />

Stengers, un chapitre s’intitule «des <strong>di</strong>eux et des démons»; ce n’est pas que<br />

je sois devenu un spécialiste de la démonologie et que je me prépare à<br />

prendre des fonctions d’inquisiteur, mais c’est parce qu’au cours de l’histoire<br />

de la science, on a souvent aimé faire appel à des démons: «le démon<br />

de Maxwell», «le démon de Laplace», comme à des êtres qui verraient le<br />

monde d’une manière plus approfon<strong>di</strong>e que nous, qui ne seraient pas soumis<br />

aux contingences de l’homme et qui pourraient dès lors avoir une<br />

connaissance parfaite. Le démon de Laplace pouvait pré<strong>di</strong>re l’avenir, le<br />

démon de Maxwell pouvait battre le second principe; c’est possible, mais<br />

nous ne savons pas pré<strong>di</strong>re l’avenir, et nous ne savons pas battre le second<br />

principe; et cela n’est pas d˚ à la faillite de notre raison, mais à l’instabilité<br />

du monde dans lequel nous vivons, c’est d˚ à la structure du monde. C’est<br />

un des grands progrès de la physique du XX e siècle d’avoir reconnu une<br />

nouvelle structure dans le monde, qui <strong>per</strong>mette de comprendre les limites<br />

de la certitude.<br />

Je voudrais vous expliquer, et ce sera la dernière partie de mon chapitre<br />

scientifique, pourquoi il y a tant de systèmes instables dans l’univers. Cela<br />

remonte à des recherches de Poincaré que j’ai essayé de continuer avec mes<br />

élèves. Prenez deux oscillateurs, ou prenez un pendule: vous savez que si je<br />

donne au pendule des petites impulsions et si je les donne avec la même fré-<br />

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