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l'istituto italiano per gli studi filosofici e gli studi di economia

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maisons de fous. Pourquoi Parce que c’est le seul endroit où les grands<br />

physiciens pourront encore travailler en paix, sans que leurs découvertes<br />

soient <strong>per</strong>verties par la société; et ici nous touchons évidemment au problème<br />

des relations entre sciences et société. Il est certain qu’il y a souvent<br />

des mouvements anti-scientifiques: récemment il y a eu un livre de Allan<br />

Bloom, dans lequel il y a une critique violente de la science. Pensez à<br />

quelques grandes oeuvres de la littérature du XX e siècle, comme par<br />

exemple Brave New World ou 1984. Au fond, qu’est-ce qu’on reproche à<br />

la science Eh bien de menacer l’idée de temps, et à travers l’idée de temps,<br />

l’idée d’identité, l’idée de <strong>per</strong>manence, l’idée de culture. Le monde de<br />

Huxley est un monde répétitif qui a <strong>per</strong>du l’histoire à cause de la technologie.<br />

Le monde d’Orwell est un monde répétitif parce qu’il a <strong>per</strong>du le<br />

temps, par la terreur, par l’oppression. Mais ces anticipations ne vont pas<br />

dans la <strong>di</strong>rection où va la science. La science tend à retrouver le temps, à le<br />

réintégrer; et en le réintégrant, supprime justement cette antinomie fondamentale<br />

que beaucoup de gens voyaient entre culture et science.<br />

Nous vivons dans une période de transition. A toutes les conférences, on<br />

souligne les grands problèmes du moment: la pollution, la santé, la famille,<br />

mais il n’empêche que notre siècle a vu apparaître un nouveau type de<br />

société qui n’a été rendu possible que par la science, un type de société qui<br />

donne quand même un peu plus de responsabilité et d’indépendance à<br />

l’homme. Permettez-moi de vous faire part d’une utopie, d’une idée très<br />

su<strong>per</strong>ficielle: j’ai toujours pensé que la transition du néolithique vers une<br />

société organisée, vers une société du genre égyptien ou babylonien, passe<br />

par des souffrances énormes: l’esclavage, la <strong>di</strong>vision du travail imposé, l’injustice...<br />

Il y a toujours eu une nostalgie du passé (Rousseau et, plus près de<br />

nous, Lévi-Strauss). Bien évidemment, revenir à la nature, revenir, je <strong>di</strong>rai,<br />

au para<strong>di</strong>s terrestre, n’est pas facile. Mais ce que nous pouvons espérer,<br />

c’est que les progrès de la science nous <strong>per</strong>mettent d’envisager une société<br />

où le prix de la civilisation soit moins élevé, moins dur, une société qui <strong>per</strong>mettrait<br />

quand même à plus de gens de se réaliser.<br />

Nous vivons, en quelque sorte, dans une protohistoire de sociètè. Combien<br />

d’entre nous peuvent se réaliser, peuvent manifester leur talent Une<br />

minorité infime, donc nous sommes encore dans une société qui dans l’ensemble<br />

est une société de pression et de pression économique, de pression<br />

écologique, qui dans une certaine mesure ne <strong>per</strong>met pas aux gens de se réaliser.<br />

Je crois qu’il y a là une <strong>per</strong>spective dans laquelle la science doit jouer<br />

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