27.06.2013 Views

Télécharger (vers l`aval) livre électronique - Ebooks-numeriques.fr

Télécharger (vers l`aval) livre électronique - Ebooks-numeriques.fr

Télécharger (vers l`aval) livre électronique - Ebooks-numeriques.fr

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

TERRITOIRES<br />

Henry... C’est une apparition.<br />

Aujourd’hui, il porte un de ses ensembles de planteur de teck en<br />

Malaisie, avec une belle chemise sans col, des bretelles soyeuses et un<br />

panama impeccablement ajusté. Si Jack n’était pas si proche de son ami,<br />

il ne saurait pas que l’aisance de Henry à composer les tenues les plus<br />

élégantes dépendait de la parfaite organisation de son énorme penderie,<br />

jadis mise au point par Rhoda Gilbertson Leyden, son épouse décédée.<br />

Elle avait rangé la garde-robe de son mari par saison, style et couleurs,<br />

et Henry avait entré la totalité du système dans sa mémoire. Aveugle de<br />

naissance et donc incapable de décider si tel ton va avec tel autre, Henry<br />

ne commet pourtant jamais la moindre faute de goût.<br />

Là, il vient de s’arrêter pour sortir un briquet en or de sa poche et<br />

un paquet d’American Spirit. Un nuage couleur de lait scintille autour<br />

de lui. Il poursuit son avance décidée <strong>vers</strong> la voiture.<br />

« Troy m Maryann, oui ! » Le bombage en lettres roses et<br />

maladroites sur le panneau de la station suggère, petit un, que ce Troy<br />

passe beaucoup de temps à l’écoute de KDCU-AM et, petit deux, que<br />

Maryann l’aime en retour. Tant mieux pour eux. Jack approuve les<br />

proclamations d’amour, même à la peinture rose, et il souhaite<br />

beaucoup de bonheur aux amants. Il lui vient à l’esprit que s’il y a<br />

quelqu’un qui lui inspire de l’amour, à ce stade de son existence, c’est<br />

Henry Leyden. Pas de la manière dont Troy aime Maryann et<br />

réciproquement, mais quand même : Jack M Henry, oui, et c’est un<br />

point qui n’a jamais été aussi clair qu’en cet instant.<br />

Henry se rapproche du bord du trottoir. D’une seule foulée, il est<br />

devant la portière. Sa main trouve immédiatement la poignée. Il<br />

s’installe sur le siège passager, la tête un peu inclinée, l’oreille droite<br />

tendue <strong>vers</strong> le flot de notes de piano. Les verres sombres de ses lunettes<br />

d’aviateur flamboient.<br />

— Comment tu fais ? l’interroge Jack. Cette fois, la musique t’a<br />

aidé, mais je sais que tu n’en as même pas besoin.<br />

— Parce que je coupe total, voilà pourquoi. Je tiens cette<br />

charmante expression de notre stagiaire ganjeux, Morris Rosen, qui a eu<br />

la gentillesse de l’employer à mon sujet. Morris me prend pour Dieu,<br />

mais il n’est pas mal non plus, puisqu’il a découvert que George<br />

Rathbun et le Rat du Wisconsin ne font qu’une seule et même personne.<br />

J’espère qu’il va savoir se taire, ce petit.<br />

— Moi aussi. Mais ne change pas de sujet. Comment<br />

110

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!