27.06.2013 Views

Télécharger (vers l`aval) livre électronique - Ebooks-numeriques.fr

Télécharger (vers l`aval) livre électronique - Ebooks-numeriques.fr

Télécharger (vers l`aval) livre électronique - Ebooks-numeriques.fr

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

LE RAVISSEMENT DE TYLER MARSHALL<br />

celle de la ferme, qui éveillait en elle de mauvais souvenirs. Comme<br />

plusieurs autres, le cadre gît sur le sol, <strong>fr</strong>acassé. D’autres encore ont été<br />

simplement enlevées du mur, mais des <strong>fr</strong>agments de verre scintillent<br />

d’un bout à l’autre du parquet. Elle a attaqué la tapisserie à une dizaine<br />

d’emplacements. Là où il y avait eu la photo de Judy et de Tyler assis<br />

sur un lit, à la maternité, elle s’est particulièrement acharnée, Fred le<br />

voit aux traces de sang que le plâtre absorbe.<br />

— Judy ? Judy !<br />

La porte de la chambre du petit est ouverte. Fred s’y précipite,<br />

pilant le verre sous ses mocassins.<br />

« ... Il va tomber, le petit bébé, il va se calmer... »<br />

— Judy ! Ju...<br />

Il s’arrête sur le seuil, muet.<br />

La pièce évoque une perquisition sauvage dans un film noir. Tous<br />

les tiroirs ont été ren<strong>vers</strong>és, le bureau poussé de côté. Un gâchis de<br />

vêtements d’été jonche le sol, la penderie est dévastée. La même<br />

télépathie conjugale révèle à Fred que sa femme a déchiré les pantalons<br />

et les chemises pour être sûre qu’ils ne dissimulaient rien. La veste de<br />

l’unique costume de son fils reste en équilibre sur un cintre suspendu à<br />

la poignée. Toutes les affiches ont été arrachées. Ici, le papier peint n’a<br />

été atteint qu’à un seul endroit, précédemment occupé par la vue du<br />

château hanté, mais c’est un massacre.<br />

Judy Marshall est assise sur le matelas de son fils. Draps et<br />

coussins ont volé dans un coin et le lit lui-même a été tiré loin du mur.<br />

Elle a la tête baissée, le visage dissimulé par ses cheveux. Sur ses<br />

cuisses bronzées découvertes par le short, Fred aperçoit des<br />

éclaboussures et des traînées rouges. Elle a passé les mains sous ses<br />

jambes, heureusement, car il ne veut pas voir les blessures qu’elle leur a<br />

infligées. Pas tant qu’il n’y sera pas obligé. Il chancelle, un goût de<br />

fusible grillé dans la bouche.<br />

Comme elle s’apprête à reprendre le re<strong>fr</strong>ain de la berceuse, il crie :<br />

« Non, Judy ! » parce que c’est insupportable, puis il va <strong>vers</strong> elle à<br />

tra<strong>vers</strong> le champ de mines qui, la veille encore, lorsqu’il est venu dire<br />

bonsoir à son fils, était une chambre d’enfant à peu près bien rangée.<br />

— Arrête, chérie, arrête...<br />

Elle obéit, curieusement, et relève la tête. Quand il découvre<br />

l’expression terrifiée de ses yeux, il perd le peu d’oxygène qui lui<br />

restait. C’est plus que de la terreur, en fait. C’est un vide, comme<br />

143

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!