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LE RAVISSEMENT DE TYLER MARSHALL
d’analyser des sensations que j’ai toujours eues sans les reconnaître.
Avant d’avoir le temps de voyager... Je suis encore une bonne mère, je
crois, mais je ne suis plus la même.
— Chérie, je t’en prie ! Tu es pareille qu’avant, si, tu as
simplement eu une... dépression. Il faudrait qu'on parle de Tyler,
maintenant.
— C’est ce que nous faisons. Mr. Sawyer ? Est-ce que vous
connaissez le point de vue sur la 93, tout en haut, à environ deux
kilomètres au sud d’Arden ?
— Fred me l’a montré aujourd’hui.
— Vous avez vu toutes ces fermes qui se succèdent ? Les
montagnes au loin ?
— Oui. Fred m’a dit que vous aimiez beaucoup cet endroit.
— Je veux m’y arrêter à chaque fois. J’adore ce paysage,
vraiment. Le regard porte à une distance incroyable et puis, hop, c’est
fini. Mais le ciel, lui, continue. Le ciel prouve qu’il y a un monde
derrière cette barrière de montagnes. Et on peut y arriver, si on voyage.
— Oui, vous pouvez...
Jack a la chair de poule, brusquement.
— Moi ? Non, je ne peux voyager que dans mon esprit, Mr.
Sawyer. Et encore, je ne me suis pas rappelé comment faire que parce
que j’ai atterri chez les fous. Mais il m’est apparu que, vous, vous
pourriez. Aller là-bas, de l’autre côté des montagnes.
La bouche sèche, Jack remarque l’agitation croissante de Fred
Marshall. Il n’est pas en mesure de la dissiper. Il a des centaines de
questions à poser, alors il commence par la plus simple.
— Comment cela, « est apparu » ? Qu’est-ce que vous voulez
dire par là ?
Judy retire sa main de celle de son mari et la tend à Jack, qui la
prend avec respect. Elle n’a plus rien d’ordinaire, si cela a jamais été le
cas ; elle resplendit comme un phare sur la côte, un feu de camp au
sommet d’une lointaine falaise.
— Eh bien... autrefois, tard dans la nuit ou quand je restais seule
longtemps, il y avait quelqu’un qui me parlait tout bas. Enfin, ce n’était
pas si précis... Disons comme si quelqu’un chuchotait derrière un gros
mur. Une petite fille comme moi, du même âge. Et quand je
m’endormais, presque toujours, je rêvais de l’endroit où cette petite fille
vivait. Je l’appelais Très-Loin, et c’était pareil qu’ici, pareil que le Pays
des Ravins, mais en plus gai, en plus propre, en plus... magique. Là-bas,
les gens se déplaçaient en
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