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TERRITOIRES
en restant au travail jusqu’à sept, huit, neuf heures le soir. Ce que
Wendell Green n’a pas remarqué, visiblement. Mais quand il le fera,
attention aux yeux ! Dans le genre cannibale, celui-là...
— Tu veux bien donner un peu d’eau aux fleurs quand tu t’en
iras ? Il fait tellement sec.
— Sans problème.
L’arrosage des plantations de Sarah fait partie des tâches
domestiques qu’il apprécie. Il réfléchit particulièrement bien, le tuyau à
la main.
Le silence revient, mais, comme il n’a pas entendu ses pantoufles
retourner à leur chambre, il attend, l’oreille tendue. Enfin :
— Ça va, chéri ?
— Très bien, répond-il en espérant avoir mis assez de conviction
dans sa voix.
— Tu n’arrêtais pas de te tourner et de te retourner, hier soir...
— Non, vraiment, tout va bien.
— Tu sais ce que Davey m’a demandé hier soir, pendant que je
lui lavais les cheveux ?
Dale lève les yeux au ciel. Ces conversations à distance
l’horripilent, mais Sarah semble les adorer, au contraire. Il se lève et va
se verser une autre tasse de café.
— Non, quoi ?
— Il m’a dit : « Est-ce que papa va perdre son travail ? »
Son bras s’immobilise, la tasse encore loin de sa bouche.
— Et qu’est-ce que tu as répondu ?
— Non. Bien sûr.
— Bien répondu, alors.
Il attend encore, mais c’est terminé : après lui avoir injecté une
nouvelle dose d’insidieux malaise - il songe maintenant à l’équilibre
psychique encore fragile de David, et aussi à ce qu’« on » pourrait
infliger au garçon si « on » le trouvait sur son chemin -, Sarah regagne
la chambre et, sans doute, la douche adjacente.
Revenu à la table, Dale sirote son café, pose une main sur son front
et ferme les yeux. Nous prenons alors la mesure de sa peur et de sa
détresse. Il a quarante-deux ans et mène une vie saine et pourtant, là,
dans la cruelle lumière du matin, il ressemble à un sexagénaire rongé par
la maladie.
Il s’inquiète pour son poste, oui. Si le bonhomme qui a trucidé
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