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AU PLUTONIEN RIVAGE DE LA NUIT
facture de son abonnement à la télévision par câble et deux litres de
vodka Aristocrat. Elle n’a écouté que son cœur. De toute façon, Wanda
déteste les présentateurs télé, surtout ceux qui ont l’air proprets et
satisfaits, donc, en premier lieu, les speakers des informations
matinales. Elle-même n’a plus été proprette ni satisfaite depuis que son
mari, Thorny, a été injustement accusé de crimes affreux par ce
prétentieux de Jack Sawyer. Ce type a détruit sa vie et elle n’est pas
près d’oublier, ni de pardonner.
Il a piégé son mari. C’était un coup monté ! Juste pour se faire
mousser. Et Wanda espère qu’ils n’attraperont jamais le Pêcheur parce
que c’est exactement ce qu’ils méritent, ces menteurs. Ces sales
menteurs. Quand on est sale, on finit dans les entrailles de l’enfer, voilà
ce qu’elle pense. Le Pêcheur est leur punition, voilà ce qu’elle dit. Qu’il
zigouille cent ou mille morveux mal élevés et qu’ensuite il passe aux
parents ! Ces deux garces à Los Angeles, Thorny ne leur a rien fait.
C’étaient des crimes sexuels, non ? Thorny n’a jamais été intéressé par
le sexe, Dieu merci. Il grossissait de partout, mais pas de là. Pas plus
épais que son petit doigt, ce qu’il avait entre les jambes, alors parler de
tapineuses et de cochon-cetés ! Mais Jack Sawyer, lui, il habitait Los
Angeles. Alors pourquoi il ne les aurait pas tuées lui, les traînées ? Et
rejeté la faute sur Thorny ? En entendant le commentateur décrire
l’attitude exemplaire de l’ex-lieutenant, Wanda crache un jet de bile
puis noie le feu qui brûle dans son ventre sous quelques décilitres de
vodka.
Gorg, qui serait un visiteur idoine pour Wanda ou similaire, ne suit
pas les nouvelles, lui, car il est loin au pays de Très-Loin.
Charles Bumside, dans son lit, chez Maxton, goûte les rêves d’un
autre, habitant d’un monde qu’il n’a jamais connu. Des enfants esclaves
en haillons se draînent sur leurs bedits bieds en sang, menacés par les
flammes, peinant pour actionner des roues géantes qui en actionnent
d’autres plus grandes encore et oh, aaah, quelle buissance, quelle
magnivique machine de destmction qui s’élève dans un ciel rouge et
noir ! Le Grand Alliage ! Une puanteur âcre
- métal fondu et autre chose, vraiment rebutant, de l’urine de dragon
peut-être - pèse dans l’air, aussi lourde que l’odeur du désespoir. Des
démons fouettent les petits de leur épaisse queue de lézard. D’énormes
bang, des craquements discordants torturent les oreilles. Tels sont les
rêves du plus cher ami et maître bienveillant de Bumy, Mr. Moonshoon,
un être aux infinies et perverses ressources.
Plus loin, dans le silence feutré de son bureau, le Pinson fixe
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