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BIENVENUE AU PAYS DES RAVINS
Fish à Mrs. Budd : « Je suis monté à l’étage et je me suis
entièrement déshabillé. Je savais qu’autrement j’aurais son sang sur moi.
» X à Helen Irkenham : « Je suis été derrière le poulailler et j’ai enlevé
tout mes fringues. Je sais qu’autrement j’ai son sang sur moi. »
Ici, une question : comment une mère peut-elle lire une lettre
pareille sans perdre la raison ? Est-ce possible ? Dale pense que non. La
dernière fois, elle a répondu à ses questions avec toute sa tête, elle lui a
même offert du thé, mais ses yeux avaient le regard vitreux d’une bête
de boucherie qui vient de recevoir le coup de masse.
Une lettre, puis deux autres à près de soixante-quinze ans
d’intervalle et cependant similaires... Les dernières calligraphiées en
capitales par un gaucher, d’après les experts de Milwaukee. Sur du
papier Hammermill, en vente chez n’importe quel fournisseur de
matériel de bureau. Au stylo bic, probablement, et... Ah ! là, il y aurait
une piste !
Fish à Mrs. Budd, en 1928 : « Je l’ai pas baisée même si que
j’aurais pu si je voulais. Elle est morte vierge. »
X à Saint Pierre dit Le Pif : « Je l’ai PAS baisée même si que
j’aurais pu si je voulais. Elle est morte VIERGE. »
X à Helen Irkenham : « Si ça peut vous consoler, je l’ai PAS baisé
même si que j’aurais pu si je voulais. Il est mort VIERGE. »
Dale est sur un terrain qui le dépasse et il en est conscient, mais il
espère tout de même ne pas être totalement idiot. Sans aller jusqu’à
signer ses lettres du nom du cannibale des années 1920, ce zigue voulait
évidemment qu’on fasse le rapprochement entre les deux. Il a tout fait
comme lui, sinon abandonner des truites mortes sur les lieux.
Avec un soupir chagriné, il remet les lettres dans le dossier, le tout
dans l’attaché-case.
— Dale ? Chéri ?
La voix encore ensommeillée de Sarah a retenti en haut de
l’escalier. Il sursaute comme s’il venait d’être surpris dans une position
embarrassante, referme le porte-documents et crie :
— Je suis dans la cuisine !
Aucun risque de réveiller le petit David, qui dort comme une
souche jusqu’à sept heures et demie au moins.
— Tu pars si tard ?
— Mmm...
Cela lui arrive souvent, certes, de partir tard, mais il se rattrape
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