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TERRITOIRES
beurre dans mes épinards, aujourd’hui : sept annonces commerciales !
«Vous voulez offrir un hmmm, succulent dîner à l’amour de votre vie,
votre bijou en sucre, votre épouse, votre légitime, votre moitié pour le
meilleur et pour le pire ? Même un aveugle verrait ça : pour montrer
votre flamme à la bourgeoise, rien de mieux que de l’emmener au Roi
de la Côtelette, Cousin Buddy, South Wabash Street, en plein centre de
la trépidante La Riviere ! »
— Montrer sa flamme à la bourgeoise ?
— Tu paies pour du George Rathbun, tu as du George Rathbun,
et à la louche !
Jack éclate de rire, prend congé de Henry et appuie sur
l’accélérateur de son Dodge. Que fera Dale ? Il lui collera une amende
pour excès de vitesse ?
Garé devant l’hôpital, et non sur le parking réservé, Jack court sur
le trottoir, la tête pleine des Territoires et de Judy Marshall. Les
événements se précipitent, les éléments s’emboîtent. Son intuition est
que tout se focalise sur Judy... Non, sur Judy et sur lui. Le Pêcheur les a
choisis, eux, bien plus qu’il n’a choisi ses trois premières victimes.
Amy, Johnny et Irma avaient l’âge requis, c’est tout. Alors que Tyler est
le fils de Judy Marshall. Or Judy a eu un aperçu des Territoires, et Jack
les a parcourus, et le Pêcheur y habite de même qu’une cellule
cancéreuse loge dans un organisme sain. Il a envoyé à Judy une
cassette, à Jack un colis. Chez Tansy Freneau, Jack a compris que Judy
était à la fois la porte et la clé... Pour aller où, sinon dans ce pays de
Très-Loin ?
Très-Loin. Comme c’est beau. Magnifique. Autant que le visage
de Judy Marshall et, ah... à l’instant où il repense à elle, une fenêtre
s’ouvre dans son esprit, une fenêtre qui n’appartient qu’à lui. Soudain, à
deux mètres de l’entrée de l’hôpital, Jack Sawyer pile, rempli de
surprise, de frayeur et de joyeuse attente.
Par cette porte sort un flot d’images syncopées : une grande roue,
des policiers sur les lieux d’un crime, à Santa Monica, les reflets sur le
crâne chauve d’un vieux Noir... Un crâne qu’il aurait préféré ne pas
voir, non, mais c’est ainsi, il est là, encore une fois, Jacky, alors regarde
bien ! Et il y avait une guitare également ; elle l’accompagne partout,
elle appartient à cet être magnifiquement exigeant et terriblement
réconfortant qu’est Speedy Parker, que Dieu le bénisse et le maudisse,
et le protège et l’aime, Speedy, plaquant ses accords pour chanter Jacky
la Vadrouille, la route est longue longue devant toi / pour revenir plus
encore tu tarderas...
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