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AU PLUTONIEN RIVAGE DE LA NUIT
et son portefeuille qui font le plus mal. Sawyer a dissimulé des preuves,
c’est clair comme de l’eau de roche, et Wendell ne serait pas loin de
croire que ce sagouin est le Pêcheur en personne, mais comment
prouver quoi que ce soit sans sa pellicule ? Soudain, le barman
s’approche et lui signale un appel téléphonique. Wendell est à deux
doigts de les envoyer promener, lui et son téléphone, mais il reste un
pro - « toujours sur la brèche, que diable !» - et donc il va d’un pas
lourd à la cabine.
— Ouais. Green.
— Salut, trou-du-cul, déclare le flic dans le cellulaire bleu.
Wendell, lui, ne sait pas que c’est un flic ; alors, il peste contre le crétin
anonyme qui dérange sa soûlographie. Tu veux publier une bonne
nouvelle, pour changer ?
— Les bonnes nouvelles ne font pas vendre, mon ami.
— Celle-là, si. On a pincé le type.
— Quoi ? éructe Wendell, qui, brusquement, se sent comme s’il
n’avait bu que de l’eau minérale.
— Je bégaie ou quoi ? Le journaliste n’a cure du persiflage,
cependant : on a chopé le Pêcheur. Nous, pas les gars de Milwaukee,
pas le FBI. George Potter, il s’appelle. Soixante-dix et quelques.
Promoteur à la retraite. En possession de polaroïds des trois gosses. Si
tu te dépêches, tu peux avoir une photo de Dale en train de lui passer les
menottes.
Cette perspective, cet espoir allument un feu d’artifice dans la tête
de Green. Un cliché pareil, ça vaut cinq fois plus que ceux du cadavre
de la petite Irma, parce que même la presse respectable se l’arrachera.
Et les télés ! Et puis, imaginons que la crapule se fasse buter au moment
de monter dans la bagnole des flics ? Vu la nervosité ambiante à French
Landing, cela n’a rien d’impensable. Wendell a un flash-back : Lee
Harvey Oswald se tenant le ventre des deux mains, la bouche contractée
dans un jappement d’agonie.
— Qui... qui est à l’appareil?
— Police de putain de proximité, annonce l’inconnu avant
d’abattre le combiné sur son socle.
Au Lucky’s, la chanteuse Patty Loveless informe présentement
l’assistance, plus âgée que celle du Sand Bar et moins portée sur les
substances hallucinogènes autres que l’alcool, qu’elle « ne peut obtenir
de satisfaction, ni son tracteur de traction ». Ses spaghettis terminés et sa
serviette - salie d’une seule minuscule tache
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