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BIENVENUE AU PAYS DES RAVINS
— Voilà la ferme des Lund, les cousins de ma mère. L’école de
campagne où mon arrière-grand-mère enseignait était là, exactement,
mais ils l’ont démolie depuis longtemps. Là, c’est chez Duane Updhal,
pas de la famille, lui, grâce au ciel...
Bafouillis, fouillis de basses, bourdon. Ils avaient retraversé la
Tamarack, qui riait et chantait en gris-bleu, dans le soleil : « On y est ! »
Un tournant, une vague de coquelicots courant vers la voiture. Parmi
eux, des lis sauvages, qui avaient penché la tête comme pour dévisager
notre ami. De nouvelles émotions avaient émergé, distinctes du
tourbillon qui les avait précédées, mais tout aussi puissantes. Elles
avaient fait monter à ses yeux des larmes d’étonnement.
Pourquoi ? Des lis sauvages... Ces lis sauvages ne lui étaient rien.
Il avait prétexté un bâillement pour s’essuyer les yeux, en espérant que
l’autre n’avait rien remarqué.
— On y est, avait annoncé Dale.
Il s’était engagé dans un chemin envahi par la végétation, qui ne
paraissait mener nulle part sinon dans une immense pâture dont les
herbes arrivaient à la taille. Plus loin, des champs ensemencés
grimpaient vers les hauteurs couronnées de bois.
— Tu vas voir la maison de mon père dans une minute. Cette
terre-là fait partie de la maison. Là-bas, c’est à Randy et à Kent, mes
cousins.
La ferme blanche était restée invisible jusqu’à ce que Dale eût
négocié la dernière boucle du chemin. Notre ami n’avait rien dit tandis
que la voiture s’arrêtait devant la maison et qu’ils mettaient pied à terre.
Solide, pimpante, amoureusement entretenue, modeste mais de belles
proportions, à l’écart de la circulation, à l’écart du monde, posée en
lisière d’une prairie couverte de fleurs...
— C’est... c’est la perfection, Dale.
Ici, nous retrouvons notre ancien compagnon de route, celui qui,
dans sa jeunesse, a connu un certain Richard Sloat et croisé trop
brièvement la route d’un autre garçon, qui s’appelait tout simplement
Wolf. C’est dans cette ferme solide, pimpante et isolée que nous allons
le rejoindre, celui qui a jadis traversé le continent d’une côte à l’autre à
la recherche d’un puissant talisman, qui, à travers obstacles et périls, a
mené à bien sa quête et utilisé à bon escient ce qu’il était allé chercher.
Quelqu’un, n’hésitons pas à le dire, qui a accompli des miracles, bref,
qui s’est conduit en héros. Et qui ne se souvient de rien. Ici, dans sa
cuisine où il prépare son petit déjeuner tout en écoutant George
Rathbun, nous allons enfin
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