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TERRITOIRES
informations sur un poste Sony. Il est fasciné par cette vidéo qui lui
inspire un mélange tourbillonnant de colère, de honte et de haine. Sous
ses boucles épaisses, la bosse n’a pas dégonflé ; elle a la taille d’une
tomate près d’éclater. Ce freluquet l’a pris en traître et, en plus, il a failli
le tuer ! Bon, d’accord, il est allé un peu loin, hier, mais nul n’est parfait.
Certainement pas Jack Sawyer, devant lequel ces abrutis de la télé
bavent d’admiration maintenant ! Qui a suivi la trace du Pêcheur depuis
le tout premier jour, qui s’est dépensé sans compter pour mettre les
citoyens en garde, qui... lui a trouvé un nom, même, au tueur fou ? Lui !
Une légende vivante, un géant du reportage dont le patronyme est
prononcé avec respect jusqu’à Madison, oui, m’sieu ! Et attendez un peu
qu’il arrive au prix Pulitzer sur les épaules sanguinolentes du Pêcheur ;
là, ce sera le délire...
Bon, lundi matin, il va devoir s’expliquer avec son chef. La belle
affaire. Ce n’est pas la première fois, ni la dernière. Quand on est un
gars de te train, on fait des vagues, forcé. Il a déjà la phrase qu’il va
lancer dès qu’il mettra le pied dans le bureau du directeur de la rédaction
: « Hé, c’est la plus grosse histoire de tous les temps, et est-ce que vous
avez vu quelqu’un d’autre de la presse écrite, là-bas ? » Après avoir
amadoué son patron, ce qui lui prendra dix minutes montre en main, il
compte bien aller rendre une petite visite à un vendeur de chez Goltz, un
certain Fred Marshall. Pourquoi ? Parce qu’un informateur précieux a
laissé entendre que ledit Marshall avait des choses passionnantes à
raconter au sujet du petit chéri de Wendell, le Pêcheur.
En pleine béatitude postcoïtale, Arnold Hrabowski, soudain
devenu un héros aux yeux de son épouse chérie, regarde les nouvelles
en se disant que Paula a raison, oui ; il faut qu’il appelle Gilbertson et
lui demande sa réintégration immédiate dans les forces de l’ordre.
Et tenez, que pense-t-il, Dale, tandis que la séquence du Hongrois
Fou réglant son compte à Wendell Green repasse pour la énième fois à
l’écran ? Qu’il devrait vraiment reprendre ce petit phénomène avec lui.
Non mais, vous avez vu ce swing ? Il n’y peut rien, Dale, ce spectacle
lui fait avaler bien des pilules. C’est aussi beau qu’un lancer de Mark
McGwire. Ou de Tiger Woods.
Dans sa sombre maisonnette près de l’autoroute, Wanda
Kinderling écoute la radio, elle. Vous vous souvenez ? Nous avons
mentionné cette dame en quelques occasions, au passage. Pourquoi la
radio ? Eh bien, il y a quelques mois, elle a dû choisir entre la
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