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TERRITOIRES
ici, pour commencer ? La réponse vient sans tarder : quelque sycophante
a pensé que Le Pif devait être mis au courant de la macabre
découverte, et la bande se rue Chez Ed, comme tant d’autres, d’ailleurs,
ce qui est heureux car Wendell n’aurait pas envie de se retrouver seul
avec eux. Comme on n’est jamais assez prudent, il laisse deux ou trois
voitures s’intercaler entre les motards et lui.
La colonne est plus dense encore, plus lente aussi. Loin devant, les
Harley se mettent en file indienne pour dépasser l’embouteillage en
direction de la voie abandonnée qui mène Chez Ed. À soixante-dix
mètres de là environ, Wendell aperçoit deux flics, un homme et une
femme, qui tentent de faire circuler les badauds. À chaque voiture, ils
offrent la même pantomime, qui consiste à montrer la route devant eux.
Un véhicule de police est garé en travers de l’allée, dissuadant ceux qui
voudraient jouer les malins. Fort de son statut de journaliste, Wendell
Green n’est aucunement troublé par ce spectacle. Il a accès de plein droit
aux périmètres interdits au commun des mortels. Il est le vecteur, le
représentant du peuple dans les zones prohibées, et accessoirement le
meilleur reporter de tout le Wisconsin ouest.
Une dizaine de mètres plus avant, alors qu’il progresse maintenant
au ralenti, sa tranquillité d’esprit est entamée. Il découvre que les deux
représentants de l’ordre sont Danny Tcheda et Pam Stevens. Il y a
quelques jours à peine, ce sont eux qui ont répondu désagréablement et
négativement à sa demande d’informations. Pam Stevens, notamment,
est une garce prétentieuse, une casse-couilles professionnelle : pour
quelle autre raison, d’ailleurs, une dame plutôt bien tournée choisirait le
métier de flic ? Elle est capable de lui interdire l’accès par pur sadisme.
Pour le plaisir ! Il pense soudain qu’il va peut-être devoir gagner les
lieux en rusant. Il s’imagine rampant à travers les terrains vagues et
frissonne de dégoût.
Au moins va-t-il avoir la satisfaction d’assister à la déconfiture du
Pif et de sa bande. Lesquels dépassent les voitures sans réduire leur
vitesse, ce qui lui fait supposer que leur plan est de virer brutalement sur
l’allée, de filer sous le nez des deux ahuris en uniforme et d’esquiver
sans aucun mal le véhicule de police. Et qu’est-ce qu’ils pourront faire,
alors, les flics ? Sortir leurs flingues en prenant un air méchant ? Risquer
des tirs de sommation et se blesser mutuellement ?
Étonnamment, les motards ne prêtent aucune attention aux autos
arrêtées devant l’allée, ni aux policiers, ni à quoi que ce soit,
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