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AU PLUTONIEN RIVAGE DE LA NUIT<br />

S’il continue sur cette voie, il sera bientôt aussi dérangé que sa femme...<br />

Ou que Sawyer. Faire confiance à ce type est dément, autant que de<br />

penser qu’il pourrait précipiter la mort de Tyler en modifiant la taille de<br />

sa casquette, et pourtant il est convaincu de l’un et de l’autre, oui. Il<br />

reprend sa fourchette et se remet à manger, le couvre-chef ridiculement<br />

perché sur son crâne.<br />

Le Pif, lui, est assis sur son canapé en sous-vêtements, un <strong>livre</strong><br />

ouvert sur les genoux - des poèmes de William Blake, pour être précis -,<br />

mais il a le regard ailleurs. Maintenant que l’Oursonne est endormie<br />

dans la pièce d’à côté, il se bat contre l’envie torturante de foncer au<br />

Sand Bar pour se trouver des amphés, sa faiblesse, qu’il a repoussée<br />

avec succès depuis cinq ans. Après la mort d’Amy, il a eu de plus en<br />

plus de mal à résister. Son seul recours, désormais, est de se dire qu’il<br />

lui sera impossible de retrouver le Pêcheur et de le punir comme il le<br />

mérite en étant camé jusqu’aux yeux.<br />

Un énorme casque Akaï sur la tête, Henry Leyden est installé dans<br />

son studio, où il écoute Warren Vaché, John Bunch et Phil Flanigan<br />

dériver mélancoliquement sur I Remember April. Même ici, l’odeur du<br />

brouillard lui parvient. Pour lui, c’est celle de Chez Ed, la pestilence<br />

d’une mort impie. Il pense à Jack et se demande comment ce dernier<br />

s’est tiré de sa visite au pavillon D. Puis il pense à sa femme, si proche<br />

de lui ces derniers temps, surtout depuis ce disque, à la fête chez<br />

Maxton, mais cela, il ne s’en rend pas compte. Si troublée, aussi.<br />

Toutes nos connaissances sont donc présentes à l’appel, sauf une :<br />

Charles Burnside n’est nulle part en vue à l’asile de vieux. Pas même<br />

aux toilettes ? Non. Il n’y a là que Thorvald Thorvaldson, qui se lave les<br />

mains. Tiens, c’est bizarre, cependant : dans l’un des box, un unique<br />

chausson est abandonné sur le sol. Avec ses rayures jaunes et noires, on<br />

croirait le cadavre d’une énorme abeille couchée sur le flanc. C’est le<br />

deuxième box en partant de la gauche. Le préféré de Bumy.<br />

Faudrait-il que nous partions à sa recherche ? Peut-être. Ne pas<br />

savoir où est passé le sale bonhomme nous met mal à l’aise. Aussi<br />

silencieux qu’un rêve, glissons donc à tra<strong>vers</strong> le brouillard jusqu’au bas<br />

de Chase Street. Voici l’Hôtel Nelson, flanqué d’un côté par un magasin<br />

de chaussures et de l’autre par la Lucky’s Tavern, devant laquelle une<br />

vieille femme aux jambes cagneuses - Bertha Van Dusen, si vous voulez<br />

connaître son nom - est présentement en train de gerber dans le caniveau<br />

une ventrée de Kingsland blonde.<br />

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