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TERRITOIRES
la soupe Campbell’s, des sandwichs au saucisson, des en-cas dans ce
style. Et puis Ty a toujours assez d’argent de poche pour inviter les
autres au McDo ou chez Sonny, un petit snack à l’ambiance très années
1950. C’est un garçon généreux, il aime payer pour les autres.
— Je vais attendre un peu, murmure-t-il sans se rendre compte
qu’il a exprimé ses pensées à voix haute.
Judy n’en a pas été troublée, certainement, tant son sommeil est
profond. Et après ? Après, il ne sait pas trop.
Descendu à la cuisine, il lance la machine à café, appelle son
bureau et demande à Ina de prévenir Ted Goltz qu’il va prendre le reste
de la journée car Judy est malade. La grippe, dit-il. Vomissements et
tout. Il lui donne une liste des clients qu’il devait voir jusqu’au soir et
dont Otto Eisman devra se charger. Il se débrouillera très bien, Otto.
Tout en parlant, une idée lui est venue qu’il met en pratique dès
qu’il a raccroché ; il va appeler les deux familles, finalement. Chez les
Metzger, le répondeur se déclenche, mais il ne laisse pas de message. À
Ellen Renniker, il explique, très à l’aise - il n’est pas vendeur pour rien -
, qu’il voudrait que Tyler lui passe un petit coup de fil s’il vient déjeuner
chez elle. Volontiers, répond la mère de T.J., tout en précisant que son
fils est parti le matin avec quatre ou cinq dollars en poche qu’il brûlait
de dépenser, et que, donc, elle doute fort de le voir avant le dîner.
11 remonte jeter un coup d’œil à Judy. Elle n’a pas bougé. C’est
sans doute bon signe, se dit-il. Non. Il n’y a rien de bon là-dedans. Alors
que le calme est revenu, l’anxiété de Fred ne cesse d’augmenter. Cette
maison baignée de soleil et de silence lui donne la chair de poule. Et il
se rend compte que, s’il attend Tyler, ce n’est plus seulement pour
rassurer Judy. Où sont-ils partis ? Est-ce qu’il y a un endroit où il
pourrait... ? Mais oui ! Là où ils achètent ces cartes idiotes, ce jeu
absolument incompréhensible.
À nouveau les escaliers, cette fois pour prendre l’annuaire et
trouver le numéro du 7 à 11 dans les pages jaunes. Comme tous les
habitants de French Landing, Fred passe au magasin au moins quatre ou
cinq fois par semaine, il reconnaît donc aussitôt l’accent chantant du
caissier d’origine indienne, et, grâce à son métier, il se rappelle
également son nom. Lorsqu’il lui donne du « Mr. Patel », l’homme est
prêt à se mettre en pièces pour lui faire plaisir. Des enfants venus
acheter des cartes magiques, il en a vu beaucoup, ce matin... Mais il se
souvient quand même des trois garçons qui ont
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