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LE RAVISSEMENT DE TYLER MARSHALL<br />

<strong>fr</strong>issonne. Puis c’est le regard excédé de Maxton qui entre dans le<br />

champ de vision de la jeune femme, en complète contradiction avec le<br />

sourire aimable qu’il arbore tout en poussant le fauteuil roulant de Flora<br />

Flostad comme il le ferait avec un caddie plein de légumes. Le temps,<br />

c’est de l’argent, hein ? Mais l’argent, c’est de l’argent, aussi, que la<br />

fête commence et qu’on en finisse pronto. La première vague, a dit<br />

Henry. Est-ce qu’on l’a, maintenant ? Rebecca tourne les yeux <strong>vers</strong> le<br />

fond de la salle, hésitante, et s’aperçoit que sa question a trouvé une<br />

réponse car déjà le DJ lève le pouce <strong>vers</strong> elle.<br />

Quand elle déclenche le spot rose, tout le monde, y compris des<br />

invités qui ne semblaient plus en état de réagir à quoi que ce soit, laisse<br />

échapper un « ooooh » émerveillé. Costume, chemise et guêtres<br />

étincelant dans le pinceau de lumière, Henry Leyden flotte <strong>vers</strong> le<br />

microphone. Un 33 tours apparu comme par magie fait la toupie sur sa<br />

main droite. Ses dents brillent, et ses cheveux pommadés, et les saphirs<br />

de ses lunettes noires aux mille reflets. Il a presque l’air de danser,<br />

Henry Leyden... sauf que ce n’est plus Henry Leyden. « Corne<br />

d’aurochs ! » dirait Rathbun. Mais plus que l’habit, plus que cette<br />

somptueuse lumière rosée, le véritable tour de force est Henry luimême,<br />

cet être malléable à l’infini. Quand il « fait » George Rathbun, il<br />

« est » George Rathbun. Idem pour le Rat du Wisconsin, idem pour<br />

Henry Shake. Dix-huit mois se sont écoulés depuis qu’il a sorti pour la<br />

dernière fois Symphonie Stan de son placard - c’était pour électriser la<br />

foule lors d’une soirée au bénéfice des anciens combattants -, mais le<br />

vêtement lui va toujours, et parfaitement. C’est un jazzman qui revient<br />

d’un passé que lui-même n’a jamais connu.<br />

Sur sa main tendue, le microsillon tournoyant semble un ballon de<br />

plage noir.<br />

À chaque fois que Symphonie Stan se produit, il commence par In<br />

the Mood. Sans vouer à Glenn Miller le mépris que lui réservent<br />

certains férus de jazz, il a fini par se lasser de ce morceau. Cependant, il<br />

doit reconnaître que l’effet est à chaque fois identique : même si<br />

l’assistance danse un pied dans la tombe et l’autre sur la proverbiale<br />

peau de banane, elle danse ! En plus, il n’ignore pas qu’après avoir reçu<br />

sa feuille de route Miller a confié à son arrangeur, Billy May, sa ferme<br />

intention de « revenir de cette guerre plus ou moins en héros » et, bon, il<br />

a plutôt tenu parole, non ?<br />

Henry attrape le micro tout en déposant sur la platine le<br />

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