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TERRITOIRES
coupable. Que c’était juste un pauv’ type de province qu’on a mis en
taule parce qu’il ne connaissait personne à L.A.
— Ah, dommage pour eux. Vous voulez savoir pourquoi il est en
prison, réellement ? Le jeune homme le regarde bien en face,
maintenant. Parce qu’il était coupable et qu’il a avoué. Point final. Deux
témoins l’ont vu sur les lieux du crime, deux autres ont déclaré l’avoir
vu dans un avion à destination de Los Angeles alors qu’il avait raconté
qu’il allait à Denver. Et après, il a dit : « D’accord, c’est moi, aussi. J’ai
toujours rêvé de savoir l’effet que ça faisait, de tuer une fille ; un jour
ç’a été plus fort que moi, alors je suis allé buter deux prostituées. » Son
avocat a essayé de plaider l’irresponsabilité, mais le jury l’a reconnu
sain d’esprit. Et il est allé en prison, en effet.
Le garçon baisse la tête, grommelle quelque chose.
— Je n’ai pas bien entendu.
— ... Il y a plein de façons de faire avouer un type, répète le
jeune employé un tout petit peu plus fort.
Des bruits de pas résonnent dans le hall. Un homme corpulent en
blouse blanche, avec une barbiche et des lunettes à monture d’acier,
s’avance énergiquement vers Jack, main tendue. L’occasion est passée
d’expliquer au garçon que, non, il n’a pas arraché des aveux à
Kinderling sous la torture. Le nouveau venu se présente : « Docteur
Spiegleman, ravi de rencontrer une si célèbre personnalité. » - «
Personnalité ? » pense Jack. À cet instant, quelqu’un, qui était masqué
jusque-là par la carrure du médecin, fait un pas de côté.
— Hé, docteur, vous savez quoi ? Si la Célébrité et moi
interrogeons la dame ensemble, nous aurons deux fois plus d’infos en
deux fois moins de temps... Parfait, non ?
Jack réprime une grimace. Wendell Green est venu gâcher la
fête.
— Qu’est-ce que vous faites là, Wendell ? Vous aviez promis à
Fred Marshall de laisser sa femme en paix.
Les paumes ouvertes, le journaliste se dandine sur ses talons.
— Ah, lieutenant Sawyer, on est plus calme, aujourd’hui ? Pas
d’envie particulière de boxer un représentant de la presse ? Je dois dire
que je commence à en avoir assez de subir les brutalités policières.
— Qu’est-ce que vous voulez dire, Mr. Green ? s’étonne
Spiegleman.
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