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LE RAVISSEMENT DE TYLER MARSHALL
Mais ces jours-ci n’ont rien de normal ; le dérapage guette, et Arnold est
exactement le genre de policier dont Jack redoute les bévues. En ce
matin de juillet, bien involontairement, Hrabowski va faire évoluer les
choses de mal en pis.
L’appel du Pêcheur au 911 se produit à 8 h 10, alors que Jack
achève de prendre ses notes et que Henry descend son allée en humant
les odeurs de l’été avec un plaisir mêlé d’inquiétude. Contrairement à
d’autres collègues - Bobby Dulac, par exemple -, le Hongrois Fou lit à
la virgule près l’annonce réglementaire :
Arnold Hrabowski : Bonjour, ici la police de French Landing,
Hrabowski à l’appareil. Vous avez appelé le 911. Avez-vous une
urgence à signaler ?
(Sons divers... Raclements de gorge, peut-être?)
A.H. : Bonjour, ici la police de French Land...
Anonyme : Salut, trou-du-cul.
A.H. : Qui êtes-vous ? Vous avez une urgence à...
A. : Non, vous avez une urgence. Pas moi.
A.H. : Qui est à l’appareil, s’il vous plaît ?
A. : Ton pire cauchemar.
A.H. : Puis-je vous demander de décliner votre identité, monsieur ?
A. : Abbalah. Abbalah-doun.
(Transcription phonétique sous réserve.)
A.H. : Euh, excusez-moi mais...
A. : Le Pêcheur. C’est moi, le Pêcheur.
(Silence.)
A. : Quoi, tu as peur ? Tu as des raisons.
A.H. : Ah, vous savez qu’il y a des sanctions prévues contre...
A. : Il y a des fouets en enfer et des chaînes au Chay-ol.
(Shéol, peut-être ?)
A.H. : Monsieur? Si vous voulez me donner votre nom, je...
A. : Mes noms sont une cohorte, mes numéros sont multiples. Je
suis un rat sous le plancher de l’univers. C’est du Robert Frost, ha, ha.
A.H. : Si vous... patientez une seconde, je vais vous passer mon
chef et...
A. : Ta gueule, trouduc. Écoute plutôt. Tu enregistres, j’espère ? Je
pourrais baiser (ou brouiller ? le mot n’est pas identifiable) ta bande si je
voulais, mais je veux pas.
A.H. : Monsieur, encore une fois..
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