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TERRITOIRES
et musique de Ralph Mooney et Chuck Seales. Meilleur disque,
meilleure chanson.
Henry ne dit plus rien. Jack pleure et son ami respire l’odeur de ses
larmes.
Et maintenant prenons de la hauteur, comme dirait un homme
politique. Il le faut car les événements sont simultanés, à présent.
Au moment où les motards surgissent devant le poste de police,
Dale, Bobby Dulac et Tom Lund, engoncés dans leurs gilets de
protection, se garent en double file devant le Lucky’s, un dispositif qui,
dans l’esprit de Gilbertson, permettra de jeter Potter dans la voiture de
police sans perdre de temps. Au même instant, Dit Jesperson et Danny
Tcheda entrent à l’Hôtel Nelson. Ils ont pour mission d’interdire l’accès
à la chambre 314, puis de conduire Fine et Railsback au poste, où Emie
Therriault est en train d’appeler les deux policiers envoyés par l’État du
Wisconsin. Ceux-ci débarqueront une fois l’opération terminée, donc, et
ils vont être furieux, la belle affaire. Au Sand Bar, une Tansy Freneau
au regard vide débranche le juke-box, stoppant net les élans musicaux
des Wall-flowers, et crie, d’une voix qui n’est pas la sienne :
— Écoutez, vous tous ! Ils ont coincé le tueur d’enfants, le salaud !
Il s’appelle Potter ! Ils vont l’emmener à Madison tout de suite, et si on
fait pas quelque chose, nous autres, d’ici lundi un enfoiré d’avocat
l’aura fait ressortir, tranquille ! Y en a qui veulent m’aider ?
Le discours est suivi d’un flottement, puis une explosion de cris
secoue les habitués du Sand Bar, tous entre deux bières ou entre deux
joints, et tous unis par la même pensée. Pendant ce temps, Jack et Henry
se sont garés à côté de la file de Harley, sur le parking encombré par les
voitures personnelles des hommes de Dale, prévenus de l’arrestation
imminente. À l’intérieur du poste, l’un d’eux, peu importe qui,
remarque le téléphone cellulaire bleu que Doc a utilisé tout à l’heure. Il
l’attrape prestement et va le ranger dans le placard cadenassé où sont
entreposées les pièces à conviction.
À l’Oak Tree Inn, où il dispose d’une chambre pour le temps que
durera l’affaire du criminel en série, Wendell Green se saoule
tristement. Trois doubles whiskies n’ont pas suffi à dissiper la douleur
qui lui tenaille le cou, là où la courroie de l’appareil photo a tailladé la
chair, ni celle qui lui laboure le ventre, là où le connard de Hollywood
lui a envoyé un direct. Mais c’est encore son orgueil
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