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AU PLUTONIEN RIVAGE DE LA NUIT
vu passer, et maintenant il se croit chez Maxton et il cherche sa
chambre, complètement largué. Sans doute que Potter est à la taverne,
devant une bière - bonne supposition, nous confirmons -, et qu’il a laissé
sa porte ouverte - cela est par contre impossible, croyez-moi. »
Alors Andy s’approche de la 314, à demi rassuré, et il s’approche
encore, que le Seigneur le protège, et encore.
— M’sieu ? lance-t-il dans l’entrebâillement. Hé, j’ crois que
vous vous êtes trompé ! C’est chez un certain Potter, ici, et...
Il s’interrompt. La chambre est vide. Il va essayer le loquet de la
312 et de la 313, verrouillés, comme il s’y attendait, revient à la dernière
chambre et, cette fois, entre carrément. La piaule de Potter est à peine
plus grande que la sienne, mais pour l’essentiel c’est la même : plafond
très haut - ils savaient qu’on aime se tenir droit dans une maison, dans
ce temps-là -, un lit simple, affaissé au milieu mais proprement fait. Sur
la table de nuit, il y a un flacon de comprimés, du Zoloft, un
antidépresseur, vérifie Andy, et une photo encadrée, un portrait de
femme qui n’a pas été vraiment gâtée par la nature, d’après lui. Mais
bon, Potter doit penser autrement puisqu’il l’a disposée de telle manière
qu’il l’a devant les yeux à chaque fois qu’il s’endort ou qu'il se réveille.
— Potter ? Hé, oh ! Y a quelqu’un ?
Brusquement, il est certain qu’il y a « quelqu’un », en effet, et juste
derrière lui. Il se retourne, les lèvres retroussées dans un début de cri,
une main déjà levée pour se protéger d’un coup qu’il pressent imminent.
Sauf qu’il n’y a personne. Et, d’ailleurs, comment le type en peignoir
aurait-il pu se retrouver derrière lui, puisqu’il n’y a aucune autre issue
dans ce couloir en impasse ? Ses yeux errent encore, avisent la fameuse
radio sur le rebord de la fenêtre. Une Bose. Bonne camelote, ça. Et,
derrière la vitre sale, il repère l’escalier de secours. Ah, ah ! Il
s’approche, inspecte les volées de marches en fer. Rien. Évidemment ;
comment le vieux sagouin aurait-il pu refermer la fenêtre après s’être
esquivé par là ?
Il réfléchit un instant, tombe à genoux et regarde sous le lit. Un
cendrier en fer-blanc avec un paquet intact de Pall Mail et un briquet
jetable Kingsland glissé dedans, quelques moutons de poussière... Au
moment où il va se remettre sur ses pieds, il aperçoit la porte du placard,
en face de lui. Elle est entrouverte. « Là... » C’est à peine un souffle. À
pas de loup, il contourne le lit. Le type qu’il a vu est ici, dans le placard.
La logique le veut, son sixième sens l’exige. Et, à nouveau, la peur
revient en lui, parce que ce vieux a
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