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TERRITOIRES
fondamentalement... agréable ? Où ce qui est à voir ne nous entraîne pas
plus loin que ce que nous voulions ?
La réponse est négative. À tous ses points d’accès, French Landing
devrait être signalée par de grands panneaux : PRUDENCE !
DÉRAPAGE EN COURS ! NOUS DÉCLINONS TOUTE
RESPONSABILITÉ !
La magie à l’œuvre ici, c’est celle de ce satané Pêcheur. Il a rendu
le mot « agréable » obsolète, du moins temporairement. Mais nous
pouvons tout de même rejoindre des coins un peu plus agréables à voir,
et, puisque nous le pouvons, nous ne devons pas hésiter un instant parce
que nous avons besoin, tout bêtement, de nous changer les idées. Nous
ne serons peut-être pas en mesure d’échapper à ce fameux dérapage,
mais du moins avons-nous encore la possibilité de nous rendre là où
personne ne chie dans son lit, où personne ne couvre le sol de son sang.
En tout cas pas encore.
Donc, l’abeille va de son côté et nous du nôtre, c’est-à-dire au sudouest,
là où un autre pan de forêt exhale son parfum de vie et d’oxygène
- et il n’y a pas d’air meilleur que celui-ci, du moins pas en ce monde -,
puis retour à la civilisation humaine.
Cette partie de la cité s’appelle Liberty ville depuis que le conseil
municipal de French Landing en a décidé ainsi en 1976. Vous n’allez
sans doute pas nous croire, mais ce gros lard d’Ed Gilbertson, le roi du
Hot Dog incarné, avait siégé au comité d’organisation du bicentenaire.
Quelle drôle d’époque c’était, ma jolie, quelle drôle d’époque ! Pas
autant que celle-ci, cependant : nous vivons les jours du Pêcheur et du
Péché, les jours savonneux du dérapage.
Les rues de Libertyville portent des noms que les adultes trouvent
charmants et les jeunes affligeants. Certains éléments de la population
adolescente sont d’ailleurs allés jusqu’à surnommer ce quartier
Tantouzeville. Mais descendons, maintenant. Filons à travers l’air
clément du matin qui déjà se réchauffe - c’est une journée digne de la
fête des Fraises, pour sûr -, survolons en silence Camelot Street, puis le
carrefour avec Avalon - ah, ces références arthuriennes... -, puis
d’Avalon au Chemin de Lady Marian, lequel nous conduit, à vrai dire
sans surprise, à l’Allée Robin des Bois.
Ici, au numéro 16, il y a un petit amour de maison Nouvelle-
Angleterre. Elle semble abriter la Famille Modèle Industrieuse et
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