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TERRITOIRES<br />

Nous aurions commis une impolitesse - et un très mauvais choix<br />

narratif - si nous nous étions esquivés avant que Jack ne rencontre<br />

l’amour de sa vie. Maintenant, nous pouvons nous glisser entre les pans<br />

<strong>fr</strong>agiles de cette tente. Un paysage aride nous attend, mais non sans<br />

beauté. Il est fait de pierres rouges, de buissons de sauge, de fleurs du<br />

désert qui ne sont pas sans ressembler au sigo d’Amérique du Nord, de<br />

pins caducs et de cactus. Tandis que nous survolons avec notre aisance<br />

coutumière l’hôpital de toile, qui palpite rêveusement dans la brise<br />

comme un navire sous voile cherche le dernier souffle des alizés, nous<br />

remarquons, à l’est, une tramée de déchets, des feuilles de dessin prises<br />

dans les roches, une magnifique rose en cuivre qui semble avoir été<br />

soumise à une terrible chaleur, un petit tapis comme lacéré par un<br />

hachoir de boucher, et d’autres objets encore qui ont mieux résisté au<br />

passage cyclonique d’un monde à l’autre : l’arête d’un tube cathodique<br />

explosé, plusieurs piles Duracell AA, un peigne et, bizarrement, une<br />

petite culotte en nylon blanc sur laquelle est brodé en rose le mot «<br />

dimanche ». Il y a eu collision de planètes, et là, près du pavillon<br />

hospitalier, ces détritus éparpillés attestent la violence du choc.<br />

À l’extrémité de cette traîne sale, telle la tête de la comète,<br />

pourrait-on dire, est assis un homme que nous connaissons. Sauf que<br />

nous ne sommes pas habitués à le voir dans une si vilaine robe de bure<br />

marron... Pas plus qu’il ne doit l’être lui-même, car il la laisse découvrir<br />

bien plus de son anatomie que nous ne souhaitons en voir. Il porte des<br />

sandales, et non plus ses grosses chaussures de ville ; ses cheveux sont<br />

pris dans un grossier chignon retenu par une lanière de peau mal<br />

équarrie. Malgré le costume, incontestablement, c’est Wendell Green. Il<br />

marmonne tout seul, un filet de bave aux lèvres, les yeux baissés sur<br />

une liasse de parchemins <strong>fr</strong>oissés qu’il tient dans la main droite.<br />

Oublieux des modifications cataclysmiques survenues autour de lui, il<br />

paraît se concentrer sur cet unique problème : comment son<br />

magnétophone s’est-il changé en vieux papiers. S’il le résout, alors il<br />

consentira à envisager le reste.<br />

Wendell - continuons à l’appeler ainsi, puisqu’il ne sait pas luimême<br />

ou ne veut pas savoir quel nom il pourrait avoir dans ce recoin de<br />

l’uni<strong>vers</strong> - repère enfin les piles Duracell éparpillées sur le sol. Il rampe<br />

<strong>vers</strong> elles, les ramasse une à une et tente de les insérer dans la liasse de<br />

papiers. Sans résultat, évidemment, mais il s’entête. Comme dirait<br />

George Rathbun : « Donnez-lui une tapette à mouches et il essaiera<br />

d’attraper son dîner avec. »<br />

— T’ vas..., bafouille le plus célèbre reporter du Pays des<br />

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