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TERRITOIRES<br />

précis. Nous mettons le cap sur les signaux héliographiques que le matin<br />

clair émet depuis le père des Fleuves sur « le plus gros pack de six au<br />

monde ». Entre ce dernier et la route Oo - que nous sommes en droit<br />

d’appeler l’Allée des Clous à présent que nous sommes devenus<br />

pratiquement citoyens d’honneur de French Landing -, il y a un émetteur<br />

radio dont la balise est invisible dans le flot de lumière de ce nouveau<br />

jour de juillet. Nous parvient l’odeur de l’herbe, des arbres, de la terre<br />

qui se réchauffe et aussi celle, riche et féconde, de la bière en<br />

fermentation.<br />

Près de l’émetteur, dans la zone industrielle à l’est de Penin-sula<br />

Drive, voici un petit bâtiment en parpaings. Son aire de stationnement<br />

contient à peine une demi-douzaine de voitures et le véhicule de<br />

patrouille du comté, un vénérable break Ford couleur rose bonbon. À<br />

mesure que le jour passe et cède la place au soir, les ombres cylindriques<br />

du « pack de six » tombent d’abord sur le panneau érigé au milieu d’une<br />

pelouse pelée, puis sur l’immeuble, puis sur le bâtiment. « KDCU-AM,<br />

ça cause au Pays des Ravins », proclame le panneau. Dans un rose<br />

presque similaire à celui du break, quelqu’un a bombé une déclaration<br />

enflammée par-dessus le slogan : « Troy m Maryann, oui ! » Plus tard,<br />

sans doute pendant l’émission de Rush Limbauch, qui est<br />

automatiquement retransmise par satellite, Howie Soûle, l’ingénieur du<br />

son, viendra-t-il essayer de l’effacer, mais, pour l’instant, le graffiti reste<br />

là, nous informant sur la vie amoureuse dans la province américaine<br />

d’aujourd’hui. Enfin quelque chose de pas trop déprimant, semble-t-il.<br />

Un homme élancé sort du bâtiment. Il est vêtu d’un pantalon<br />

Dockers ocre, d’une chemise en coton égyptien entièrement boutonnée<br />

et de bretelles marron aussi minces que lui - elles valent mieux que le<br />

nom de bretelles, en fait. Elles n’ont pas l’épaisseur ni la vulgarité de<br />

celles que portent des individus tels que Maxton et Sonny Heartfield, làbas,<br />

au funérarium. Ce gentleman à la chevelure argentée porte<br />

également un panama très classe, parfaitement conservé malgré un âge<br />

respectable (le couvre-chef, s’entend), et muni d’une bande de cuir<br />

assorti aux... bretelles. Des lunettes de soleil d’aviateur masquent ses<br />

yeux. Il s’arrête sur la pelouse, à gauche de la porte, près d’un hautparleur<br />

antique qui répercute la programmation en cours, à savoir les<br />

infos locales. Ensuite, il y aura le bulletin « spécial agriculteurs »<br />

produit à Chicago. Cela lui accorde dix minutes avant de retourner à son<br />

micro.<br />

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