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AU PLUTONIEN RIVAGE DE LA NUIT<br />

Monday Man. Celui-ci a sursauté de rage au moment même où le<br />

vieillard tapotait sur la porte du studio d’enregistrement. Burnside<br />

ignore tout du d’yamba mais il a été affecté par la réaction de son<br />

maître. Elle a réveillé en lui le souvenir d’une indignation similaire : un<br />

jour, à Chicago, un petit garçon qu’il croyait mort s’était extrait du sac<br />

en toile où il l’avait fourré et avait maculé le siège arrière de sa voiture<br />

d’un sang compromettant... Sacrément compromettant, même, car le<br />

sang, c’est bien connu, est une substance qui vous nargue bien après<br />

qu’on en a effacé les taches.<br />

Henry Leyden, lui, n’est visité ni par la grâce ni par la colère mais<br />

par une sorte de calme lucidité. Les visites de Rhoda, comprend-il<br />

maintenant, étaient le produit de sa solitude, de la nostalgie. En<br />

conséquence, l’être qui est en train de <strong>fr</strong>apper à la porte du studio ne<br />

peut être que cet horrible vieux de chez Maxton. Et son intention est de<br />

traiter Henry comme il a traité les trois enfants de French Landing. Qui<br />

d’autre se serait introduit chez lui à cette heure ? Ce ne peut être ni Dale<br />

ni Jack, et encore moins Elvena Morton. Ils auraient sonné.<br />

Quelques secondes lui suffisent pour envisager les choix possibles<br />

et mettre au point un plan d’urgence. Il pense avoir deux avantages sur<br />

le Pêcheur : la rapidité - car c’est un octogénaire, d'après sa voix - et la<br />

surprise, puisque le Pêcheur ignore que sa victime potentielle l’a<br />

identifié. Il faut donc qu’il simule un étonnement détendu, une simple<br />

curiosité de bon aloi. Et, dès que l’autre aura ouvert la porte - oui, il est<br />

fâcheux qu’il ne l’ait pas verrouillée, mais trop tard -, il devra agir avec<br />

résolution.<br />

«On est d’accord? s’interroge-t-il en son for intérieur. Vaut mieux,<br />

en effet ! » De l’autre côté, les lumières sont éteintes, il le sait, et il y a<br />

de bonnes chances qu’il fasse désormais plutôt sombre, même s’il ne<br />

peut pas en être certain. Feignant d’être plongé dans ses pensées au<br />

point de ne pas avoir entendu le bruit à la porte, il avance une main <strong>vers</strong><br />

le socle d’un lourd trophée radio-phonique décerné il y a quelques<br />

années à George Rathbun - lequel n’avait pu, évidemment, le recevoir<br />

en personne. De l’autre, il ramasse prestement un couteau à cran d’arrêt<br />

posé sur un plateau à côté de lui, cadeau laissé jadis à la réception de la<br />

station uni<strong>vers</strong>itaire par quelque admirateur du Rat du Wisconsin. Il se<br />

trouve qu’il s’en sert pour ouvrir les CD qu’il reçoit sous cellophane, et<br />

qu’il a appris à l’aiguiser. Lorsque la lame est repliée, on dirait un banal<br />

stylo à plume. Deux armes, donc, dont l’une est d’autant plus<br />

dangereuse qu’elle paraît anodine.<br />

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