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LE RAVISSEMENT DE TYLER MARSHALL
tout cas, la crise donne à Fred l’occasion de réfléchir, il doit la saisir.
Une seule chose lui apparaît indiscutable : si Tyler est là quand sa mère
sortira de sa léthargie, elle en sera d’autant mieux. L’urgence est donc
de mettre la main sur le gosse.
Il pense d’abord à appeler les parents des amis de Tyler. Ce serait
facile puisque les numéros sont en bas, sur la porte du frigo,
soigneusement calligraphiés par Judy elle-même, à côté de ceux des
pompiers, de la police - y compris le numéro de téléphone personnel de
Dale Gilbertson, qui est un vieil ami - et des urgences. Mais il ne lui
faut guère de temps pour s’en dissuader. Pour commencer, la mère
d’Ebbie est morte et son père est un individu aussi désagréable que
stupide. Fred ne l’a rencontré qu’une fois, mais cette unique entrevue lui
a suffi. Il n’aime pas que sa femme classe trop facilement les gens dans
la catégorie « minable », mais, dans le cas de Peter Wexler, le
qualificatif est plus qu’adéquat. D’ailleurs, il ignorera sans doute le
programme des gamins et ne cherchera pas à aider.
Mrs. Metzger et Ellen Renniker le connaissent peut-être, mais,
ayant été lui-même un enfant en vacances, il en doute. Il est possible
que la petite bande soit en train de déjeuner chez l’une ou chez l’autre -
c’est presque l’heure -, mais à quoi bon inquiéter ces pauvres femmes ?
Elles penseront à l’assassin dès que le téléphone sonnera, aussi sûr que
Dieu a créé les poissons... et les pêcheurs pour les attraper.
Toujours assis auprès de sa femme, Fred ressent le premier
pincement de la peur et le rejette sans appel. Ce n’est pas le moment de
céder à la trouille. Il doit se rappeler que l’équilibre psychique de Judy
et la sécurité de leur fils ne sont pas liés, sinon dans l’imagination de la
mère. Son problème, c’est d’amener Tyler devant elle pour lui prouver
combien ses craintes sont infondées.
10 h 45, indique le réveil sur la table de nuit. « Qu’est-ce que le
temps passe vite quand on s’amuse », pense-t-il. À côté de lui, Judy
émet un bref ronflement, un soupir, presque, un bruit de dame, mais il
sursaute tout de même. Elle l’a effrayé quand il l’a trouvée dans la
chambre de Ty. Elle l’effraie encore.
Ou bien ils vont débarquer ici pour déjeuner. Judy lui a raconté
qu’ils le faisaient souvent, parce qu’il n’y a jamais grand-chose à
manger chez les Metzger et que Mrs. Renniker leur sert en général ce
qu’ils appellent de la « bouillasse », des nouilles trop cuites avec des
bouts de viande grisâtre. Judy, elle, leur prépare de
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