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LE RAVISSEMENT DE TYLER MARSHALL
n’importe quelle enquête normale : on n’invite pas un civil sur les lieux
d’un délit, a fortiori d’un meurtre. Mais qu’y a-t-il de normal dans tout
cela ? Il détient sous sachet zippé une preuve qu’il a obtenue dans un
autre univers, alors, la normalité... Il pourra retrouver le bouge sans
difficulté, il y aura bien quelqu’un pour lui indiquer le chemin chez
Goltz, mais...
— Le Pêcheur vient de m’envoyer une des chaussures d’Irma.
Avec son pied encore à l’intérieur.
Henry inhale profondément. Rien d’autre.
— Henry ? Ça va ?
— Oui. Quelle horreur... Pour cette petite fille, pour sa mère... Et
pour toi. Et pour Dale... Et pour toute la ville.
— Oui.
— Tu veux que je t’emmène Chez Ed ?
Il en est capable, Jack en est convaincu. Facile comme tout.
D’ailleurs, pour quelle autre raison lui a-t-il téléphoné ?
— Oui.
— Tu as appelé la police ?
— Non.
« Il va me demander pourquoi, se dit-il ; et qu’est-ce que je
réponds ? Que je ne veux pas voir les Dulac et les Lund piétiner les
lieux et mêler leur odeur à celle de l’assassin avant que j’aie pu la
renifler ? Que je ne leur fais aucune confiance, qu’ils sont très capables
de tout saboter, Dale inclus ? » Mais Henry ne pose pas de question.
— Je descends t’attendre au bout de l’allée. Dis-moi quand.
Jack récapitule. Charger les sacs dans son coffre. Prendre son
téléphone portable, qui ne quitte pratiquement jamais son petit socle de
charge, parce qu’il appellera dès qu’il aura vu les restes d’Irma, dès
qu’il aura reçu le choc vital. Que Dale et ses gars débarquent, alors.
Avec la fanfare du lycée, s’ils veulent. Il consulte sa montre. Près de 8
heures, déjà. Il se rappelle que, de l’autre côté, les distances sont plus
courtes, certes, mais est-ce que le temps passe plus vite, aussi ? Ou bien
est-il déboussolé, tout simplement ?
— À huit heures et quart. Et quand on arrive là-bas, tu restes
bien gentiment dans ma voiture jusqu’à ce que je te dise de sortir,
compris ?
— Entendu, mon capitaine.
— À tout’.
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