Mémoires 1858 Tome 10 - Ouvrages anciens sur Saint-Omer (Pas ...

— 68 —
taille des coiffures surtout ; on en vit d'étonnamment
hautes et larges, avec des cornes en lingerie d'où
pendaient des barbes ou des voiles ; l'abus devint si
exagéré, si criant, que le clergé s'en mêla et voulut
opérer une réforme par la persuasion et même par
l'excommunication. Un célèbre prédicateur, de l'ordre
du Mont-Carmei, trère Thomas Connecte, entreprit
une sorte de croisade contre le luxe des vêtements ;
il avait la spécialité des sermons contre les délices et
les parures mondaines et il s'en tirait avec beaucoup
d'éclat et de talent. Il parcourut ainsi les villes de la
Flandre en tonnant sur les hennins, coiffures de
femmes d'un prodigieux développement. Le 22 février
1428, cet éloquent réformateur des modes exagérées,
se trouvait à Valenciennes où il prêcha durant six
jours sur le grand marché de la ville et en plein air.
Il obtint un si grand succès que l'on fit un auto-da-fé
général des atours des dames, mêles avec les tables à
jouer, les cartes et les dés, et les souliers à lapoulaine,
dont l'usage fut dès-lors aboli. Le petit nombre de
femmes qui résistèrent à la prédication en continuant
à porter les hautes coiffures, furent huées publiquement
et poursuivies par des enfants criant à tue-lête :
au hennin l au hennin l
Des scènes semblables se renouvelèrent a Cambrai,
Tournai, Arras et à Thérouanne, capitale du pays des
Morins. Frère Thomas Connecte, chevauchant un petit
mulet, comme dit Monstrelet, et suivi de disciples,
resta cinq ou six mois dans les provinces des Pays-Bas