Mémoires 1858 Tome 10 - Ouvrages anciens sur Saint-Omer (Pas ...

Cette dernière signification' est donnée par d'autres
monnaies encore que celles frappées à Quantowic, par
les lingots de plusieurs dimensions, et par les ornements
coupés en morceaux, comme pour en faciliter la fonte,
qui faisait partie du trésor de Cuerdale. Rien d'étonnant
que mus par leur insatiable avidité des richesses, les
Normands aient imité les peuples plus civilisés qu'eux,
avec lesquels ils étaient depuis un longtemps en contact,
sans s'inquiéter de placer sur leurs produits monétaires,
des signes chrétiens indispensables à leur acceptation, à
leur circulation. Dès la fin du IX e siècle, beaucoup de
ces payens simulaient leur conversion , plusieurs fois
môme, lorsqu'ils la croyaient profitable.
Avec quelques noms nécessairement inconnus, les
monnaies des rois de la mer, des princes pirates, montrent
ceux le plus ordinairement donnés aux chefs Scandinaves.
Cnut ou Canut, Sigefrid que nous traduisons
par Sigefroid, et Siefrid ou Sifrid, sont des noms très
fréquemment usités chez les peuples du Nord ; les rois
danois eux-mêmes les ont portés.
Ce dernier nom rappelle le guerrier établi dans le
comté de Guînes au milieu du X e siècle. Sifrid, dont
ment des deux côté du détroit du Pas-de-Calais. Soit que depuis la
conversion de Godefroy et son mariage avec Gisèle, fille de Lothaire,
roi de Lorraine, à la fin du IX e siècle, les Normands, toujours barbares,
aient, pour la plupart, changé de religion, soit que payens
encore, ils aient cru devoir reproduire un signe indispensable à
l'acceptation de leurs produits monétaires, les monnaies des rois de
la mer portent, par exception le type du temple et toujours celui
ordinaire de la croix chrétienne. La présence de ces signes ainsi
interprêtés n'est pas suffisante pour détruire la signification des légendes.
N'oublions pas qu'il s'agit des Normands de la fin du IX e
siècle, modifiés par un long contact avec des nations plus avancées
en civilisation.