Mémoires 1858 Tome 10 - Ouvrages anciens sur Saint-Omer (Pas ...

— 22 —
Le bruit du désastre de Quentovic eut un profond retentissement
dans les trois royaumes des petits-fils de
Charlemagne. Mais, leur haine resta sourde à ce terrible
avertissement. Cbarles4e-Chauve et Louis-le-Germanique
accueillirent avec une joie envieuse la nouvelle du coup
qui frappait un frère détesté : « Lothaire , disaient-ils ,
« apprendrait à connaître qu'il avait forfait contre Dieu
« et contre eux (1). » Déjà, se manifestait le fatal esprit
d'isolement qui jusqu'à la fin paralysa les efforts des successeurs
de Louis-le-Débonnaire dans leur lutte contre
les Northmans et les empêcha constamment de s'unir
contre l'ennemi commun.
Quatre ans s'écoulent. Au milieu de l'année 845, le
bruit se répand qu'après avoir dévasté la Frise, la Flandre
et le Pagus Mempiscus, une nouvelle armée northmande
s'approche de la Morinie. Partout, au-devant des païens,
la terreur fait le désert. Chargés des reliques des saints,
peuples, abbés, pontifes, abandonnent les hameaux et les
villes, les églises et les monastères. De la Flandre, des
provinces maritimes, on accourt dans l'humble forteresse
de Sithieu, dont les faibles murailles, les tours à peine
tovic la date de 844. Celle de 842, indiquée par les annales de S.
Berlin, est évidemment préférable, puisque les incursions de cette
même bande de pirates en Angleterre sont fixées par les historiens
anglo-saxons aux années 843 et suivantes.
Eckhart a confondu Cotwig, d'où les Northmans partirent pour la
Grande-Bretagne, suivant Nithard, avec Quentovic. Rien n'autorise
à penser que cette ville ait été saccagée deux fois de suite : nous
n'avons pas hésité à adopter l'opinion contraire du savant Langebeck.
Henry, Ess. sur l'an;, de Boulogne, p. 90 et 92, pense que Wissant
et Ambleteuse fnrent détruits dans cette invasion. Son assertion
ne s'appuie sur aucun texte.
(1) Lodhanus coguovisset se in Deum et illos deliquisse (Nithard.
ut sup-ra).