Mémoires 1858 Tome 10 - Ouvrages anciens sur Saint-Omer (Pas ...

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assez aimer ou craindre du comte Arnoul pour que celuici,
malgré les réclamations de son frère Adalolphe, abbé
de S 1 Bertin, le reçût à foi et hommage.
Jusqu'ici le récit de Jean d'Ypres ne s'écarte pas de la
vraisemblance. Mais, bientôt le roman se mêle à l'histoire.
Le Danois, transformé en galant paladin, séduit la fille
du comte, la belle Elstrude, dont la honte ne tarde pas
à devenir visible à tous les yeux. Arnoul, furieux, jure
de se venger du vassal félon qui a trahi la foi due à son
seigneur. Sifrid s'enfuit dans le château deGuines, essaie
en vain de résister et, dans un accès de désespoir, se
pend dans le donjon, en laissant son comté à l'enfant
qu'Elstrude porte dans son sein. « Tel est, dit le chrdni-
« queur, le commencement des comtes de Guines, dont
« le premier fut le bâtard Ardulphe. »
Plus tard, d'autres chroniqueurs viennent encore broder
sur ce thème qui flattait médiocrement l'amour-propre
des sires de Guines. Sous la plume de Lambert d'Ardres,
Sifrid n'est plus un grossier pirate, persécuteur des chrétiens
avant sa conversion et plus tard spoliateur des
couvents. C'est un neveu du roi de Danemarck, son plus
proche parent, le plus brave des chevaliers, héritier de
Walbert, comte de Ponthieu , de Thérouanne, de S. Pol
et de Guines, l'un de ces héros fabuleux auxquels remontent
toutes les antiques généalogies , qui, à la tête
d'une troupe de vaillants hommes, vient revendiquer
son patrimoine, s'empare de la terre de Guines et fond
avec le sang des comtes de Flandre celui des petits-fils
d'Odin.
A travers ces poétiques fictions, il est aisé de reconnaître
le guerrier du Nord, qui, du droit cle l'épée, s'empare,
comme le premier duc normand et le comte de