Mémoires 1858 Tome 10 - Ouvrages anciens sur Saint-Omer (Pas ...

— 69 —
nombre, trois provenant du clocher de Merck-St-Liévin ,
avaient, dit-on, une valeur de dix-huit mille florins. La
même tradition, un peu exagérée, peut-être, ajoute que
le nombre des coffres , paquets , hardes, objets précieux
et meubles de tous genres qui y étaient entassés, aurait
pu former, autour du château, un second rempart aussi
élevé que le premier ; elle nous apprend encore que le
blé que renfermait cette forteresse eût été suffisant pour
pourvoir, pendant deux années entières , à la nourriture
de la garnison Les femmes et les enfants avaient obtenu,
dès les premiers jours, la permission de sortir , ils
purent, sans être nullement offensés, traverser librement
les rangs de l'armée assiégeante. On se plaît à retrouver
à toutes les époques des preuves de la courtoisie, de la
loyauté et de la galanterie française.
Au bout de quelques jours, le maréchal de Chètillon,
prévoyant que le Roi son maître n'aurait plus d'intérêt désormais
à la conservation de cette forteresse, en ordonna
la démolition, ce qui ne tarda pas à être exécuté (1638).
Trente-huit ans après, en 1678, un article du traité de
Nimègue assurait pour toujours à la France le sol et les
intéressants débris du vieux château de Renty...
Depuis lors, insensiblement amoindri, annihilé, détruit
peu à peu de fond en comble, bientôt il n'en restera plus
une seule brique, à peine môme apercevra-t-on la trace
de ce boulevard espagnol contre lequel vint un jour se
briser la puissance de la France.... On ne voit plus rien
de cet historique et attachant souvenir de la valeur de nos
pères....
Que remarque-t-on aujourd'hui sur cette terre jadis
bruyante, animée , mais sanglante , désolée , maintenant
oubliée, silencieuse?... Quel spectacle offre-t-elle à l'in-