Mémoires 1858 Tome 10 - Ouvrages anciens sur Saint-Omer (Pas ...

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nous a laissé de l'expédition northmande de 845, elle ne
se serait pas terminée sans que le sac de l'abbaye vînt
tristement confirmer les terribles paroles de l'évoque de
Thérouanne.
Suivant les annales de S'-Bertin, en effet, la troupe qui
jetait tant d'épouvante dans la Gaule septentrionale, après
avoir poussé ses courses jusqu'à la Seine, pris Paris et contraint.
Charles-le-Chauve à acheter une paix ignominieuse,
serait ensuite revenue sur ses pas et aurait pillé le monastère
de S'-Bertiri. Mais, Dieu se chargea de venger luimême
l'outrage fait à son temple. Les profanateurs furent
frappés d'un vertige contagieux, d'un aveuglement miraculeux
: la main de la mort s'appesantit sur eux et à
peine eri échappa-t-il quelques uns pour raconter à leurs
compatriotes le châtiment que le Tout-Puissant venait
d'infliger aux sacrilèges. Effrayé de ce prodige, le roi
danois Erik, pour apaiser la colère du Christ, sollicita la
paix, relâcha les captifs chrétiens et restitua le butin apporté
dans ses Etats par les pillards de S'-Bertin et de
S'-Germain-des-Prés.
Telle est, en résumé, la narration de Prudence. Mais,
Folquin, si exact pour tout ce qui concerrie l'histoire de
Sithieu, ne fait nulle mention d'un pillage de ce monastère
antérieur à 859. Àimoin, qui raconte dans les détails
les plus minutieux la prise de Paris par Ragnar Lodbroghe,
atteste qu'après là conclusion de la paix de S'-Denis, les
pirates repartirent pour le Danemarck sans s'arrêter sur
aucun point de la côte. Il serait trop étrange, en effet,
qu'une armée gorgée de butin, décimée par la dyssenterie,
se fût tant hâtée de rompre des engagements contractés
sous le coup d'une terreur superstitieuse et, pour
ainsi dire, en présence des dieux irrités. Si elle l'eût fait,