Mémoires 1858 Tome 10 - Ouvrages anciens sur Saint-Omer (Pas ...

— 59 —
mière, le religieux son église. On sent que les'mauvais
jours sont passés. On se précipite vers l'avenir] avec
l'impatiente ardeur du lendemain des grands désastres.
Les sillons se rouvrent : les villes sortent de leurs tombeaux.
De loin en loin cependant, comme les derniers coups
de tonnerre d'un orage qui s'éloigne, les armées northmandes
jettent encore l'alarme dans les campagnes de la
Morinie. La guerre incessamment suscitée au duc Roll, à
sonJils, à son petit-fils, par le comte de Flandre Arnoul,
le plus implacable des Franks acharnés à détruire l'œuvre
du traité de S. Clair, ramène les bandes du Nord dans
les plaines de l'Artois devenues le domaine du marquis
flamand.
C'est ainsi qu'en 925 , Roll, menacé à la fois par le
comte Arnoul et le roi Raoul, ayant fait appel à ses sauvages
compatriotes (1), une flotte danoise entra dans la
Seine portant une armée qui, pareille à celle des Hasting
et des Sigfrid, venait mettre son épée dans la balance.
Conduits par le jeune Guillaume, fils du duc Roll, ces
farouches auxiliaires traversent, en les dévastant, la Picardie
et les provinces maritimes. Mais, ils n'ont plus
affaire à ces troupeaux d'hommes qui se laissaient autrefois
égorger sans défense. Sur tous les points, les châtelains
tiennent la campagne avec leurs paysans (2), repoussent
les païens et donnent au roi Raoul le temps
d'accourir.
Celui-ci arrive enfin, grossissant son armée des forces
(1) Eodem tempore, Normanni, ut eorum moris erat, vocatis sibi
de Dacia auxiliis (J. Iperii chr. S. Beitini, pars II, an 928).
(2) .Castellani, cum suburbanis ogredientes, Normannos cxpellunt
(Frodoardi, annal., an 925. Pertz, t. III).