Mémoires 1858 Tome 10 - Ouvrages anciens sur Saint-Omer (Pas ...

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La légende et la poésie populaire, le danger passé,
s'emparèrent à l'envi de cette émouvante épopée. Tandis
qu'au nord de l'Escaut, la muse tudesque célébrait dans
la langue d'Outre-Rhin la journée, de Saucourt, d'autres
chants de deuil et de triomphe à la fois , composés dans
l'idiome vulgaire des provinces françaises racontaient les
maux du peuple fidèle et la confusion des ennemis du
Christ. Trois siècles après la mort de Gurmund, d'Jsembard
et de Louis 111, vivait encore, glorieux et populaire,
le souvenir des longs désastres et des succès éphémères
de la France carlovingienne.
Sur les bords de la Somme et de l'Aa, la mémoire de
ces événements s'était transmise de génération en génération.
L'invasion de 8.80, dit Hariulf, qui écrivait au
XIII e siècle , « n'a pas été seulement racontée par les
« historiens. Recueillie par la mémoire de nos pères,
« chaque jour nous la répétons dans leur chanson. Que
« celui qui voudra la connaître, l'apprenne, non de notre
« récit mais de la tradition des anciens. »
La chanson qu'IIariulf avait entendue au berceau a
disparu avec tant d'autres légendes longtemps célèbres
et désormais oubliées pour toujours. Mais, il ne serait
peut-être pas impossible d'en retrouver les fragments
épars et transformés par le génie des trouvères dans la
chanson des Saisnes, le poème du XII" siècle sur la mort
de Gurmund, publié par M. de Reiffenberg, la légende
boulonnaise de la défaite et de la mort du comte ITernekin,
anneaux d'or dont se forme la chaîne qui relie aux. chro-
que Gorm le Vieux reparaissent encore dans l'histoire vingt ans plus
tard, it nous semble qu'il ne peut être que Gorm l'Anglais (Gorm
hiri EnskeJ., mentionné dans la Séries rimica prima (Scr. rver. dani.
.t. VIII, p. 29).