Mémoires 1858 Tome 10 - Ouvrages anciens sur Saint-Omer (Pas ...

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posé de lui même, par la disparition du génie organisateur
qui lui avait donné l'existence , et du bras dominateur
qui le maintenait. Son immense étendue et l'incohérence
de ses diverses parties , l'esprit de race et de nationalité,
alors en pleine vigueur et bientôt en réaction de toutes
parts, le morcellement du pouvoir, l'ambition et la mésintelligence
des successeurs de Charlemagne auraient
sans doute pu se passer du concours des Normands, pour
briser l'anneau qui rattachait l'ère nouvelle aux temps
anciens; et si ces barbares n'étaient pas intervenus, celte
ère, amenée par la force des choses, par l'influence irrésistible
des idées chrétiennes, n'eût probablement pas
autant tardé à se développer. Les historiens du temps,
comme les prédicateurs, comme les peuples eux-mêmes,
n'ont vu dans les invasions normandes, qu'un fléau,
qu'une punition de Dieu, méritée par la conduite irrégulière
et scandaleuse de toutes les classes de la société et
surtout des plus élevées. Longtemps après qu'elles eurent
cessé, on invoquait Dieu encore en lui demandant d'être
délivré , non de la domination, mais de la fureur des
Normands : A fur or e Normannoruvi libéra nos Domine.
Ce n'est pas que les Normands, une fois établis sur le
sol de la Gaule, n'aient coopéré à la préparation de la
nationalité nouvelle; après avoir retardé le progrès de la
civilisation, leur esprit d'initiative, leur génie des grandes
entreprises , leur goût pour les aventures , accélérèrent
parfois la marche des peuples dans la voie qui conduisait
insensiblement à l'ordre des choses, inauguré dans les
temps modernes.
Les rois de la mer, les Scandinaves, n'ont plus à redouter
le grand empereur d'Occident; la mort l'a couché
dans son tombeau ; Louis-le-Débonnaire, qui recueillait