Mémoires 1858 Tome 10 - Ouvrages anciens sur Saint-Omer (Pas ...

— 39 —
passe la Canche à la hâte et attaque les Sarrasins sur les
bords du Wimereux. Mais , écrasé par des forces supérieures
, il fuit, et dans sa retraite, laisse à découvert
Boulogne où la comtesse Berthe s'était renfermée avec
ses deux enfants.
Les Sarrasins marchent immédiatement sur la ville, labloquent
par terre et par mer, battent ses remparts en
brèche, livrent l'assaut et, au milieu des horreurs de la
nuit, entrent vainqueurs dans la place. Les habitants
éperdus s'entassent dans le château romain , résistent
faiblement et succombent.
Alors, se déroulent des scènes d'horreur que la plume
se refuse à décrire. Sans pitié pour l'âge ni pour le sexe,
tout est passé au fil de l'épée. Les païens arrachent les
enfants des bras de leurs mères, les coupent par morceaux,
passent le fer de leurs lances à travers les corps
palpitants de ces innocentes victimes et les faisant rôtir
comme des agneaux sur des brasiers ardents, ils convient
les pères de ces infortunées créatures à ce festin de cannibales.
Par bonheur, la comtesse Berthe s'est échappée à la
faveur des ténèbres avec ses deux fils, Renier et Bauduin,
par la poterne qui conduit à Montreuil. Elle suivait en
pleurant le rivage de la mer , lorsqu'auprès d'Etaples,
elle voit s'avancer, escorté d'une troupe nombreuse, un
chevalier bardé de fer et la visière baissée. A la couleur
de son palefroi, Berthe a reconnu le noble comte. Elle
court et se jette dans ses bras. En entendant le.récit
lamentable de la ruine de Boulogne , le comte Hernekin
verse des larmes, et, tourmenté de sombres pressentiments
, malgré les prières de la comtesse qui voulait •
s'attacher à ses pas, il la conduit à l'abbaye de Samer