Télécharger le tome 1 - IUFM

cette question qui concerne l’écriture de leurs proches et y répondent très précisément et
exactement en citant les personnes dont ils remarquent l’écriture.
En petite section, le signalement des personnes écrivant à la maison n’est pas identique
pour les élèves des deux corpus. Ce décalage disparaît en moyenne section. Les enfants
de l’école Freinet ne développent pas de rapport concurrentiel avec la fratrie, alimenté
par la dépréciation des « barbouillages ». Le modèle des élèves Freinet serait un modèle
« adulte » tandis que pour les élèves des autres écoles, ce serait un modèle fratriarcal. La
construction identitaire ne passe pas encore par l’identité scripturale. L’écriture n’est pas
vécue comme un enjeu nécessaire pour être reconnu. On peut exister au sein de la fratrie
et de la famille même si l’on n’est pas scripteur. Cet élément va avoir des incidences sur la
sérénité du rapport à l’écriture.
0
5.1.3. La reconnaissance des pratiques scripturales chez les proches
En petite section, l’écriture n’est pas toujours repérée chez les membres de la famille des
élèves du premier corpus alors qu’elle est reconnue massivement dans le corpus Freinet, et
que cette écriture familiale est fonctionnalisée. Ruben affirme :
Yanny dit :
« Maman, elle écrit pour ses affaires ».
« Maman écrit pour faire les courses et papa écrit les numéros qu’il appelle ».
Tous les membres de la famille sont cités : mère, père, grands-parents, oncles, tantes et
fratrie. Les fonctions de l’écriture parentale mises en avant sont la fonction pratique et
régulatrice et la fonction administrative.
5.1.4. La matérialité de l’écriture domestique
En moyenne section, cette matérialité est moins exprimée et disparaît au profit de la
description des activités scripturales alors que pour les élèves du premier corpus, elle reste
fortement exprimée.
De plus, la matérialité de l’écriture n’est pas avancée comme première raison à l’envie
d’écrire comme c’est le cas dans le corpus et elle revêt un caractère particulier : l’écrit
peut « s’effacer ». Cette particularité de l’écrit, signalée par Raphaël, va à l’encontre de celle
avancée habituellement de la permanence de l’écriture (Goody, 0).
Ici les enfants aiment écrire parce qu’ils écrivent « des mots », « la date ». Ce sont donc les
objets « à écrire » qui motivent ce désir. C’est encore parce que « maman écrit » que les
enfants ont envie de l’imiter. Les raisons d’écrire sont plus diverses dans le corpus Freinet.
Ils aiment écrire et lorsqu’ils n’aiment pas en donnent la raison : « j’aime pas quand je
dépasse » dit Joséphine, ce qui n’est pas le cas dans le premier corpus où les raisons d’une
désaffection ne sont pas exprimées.
Les enfants de l’école Freinet se détachent plus vite (en moyenne section) de la matérialité de
l’écriture domestique alors que ceux du premier y restent encore attachés. Cette matérialité
n’est plus la cause de l’intérêt des élèves Freinet pour l’écriture ; celui-ci tient maintenant
aux aspects graphiques même.
IUFM Nord-Pas de Calais