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2. Les indicateurs liés à la prise en compte du langage dans ses<br />
fonctions cognitives<br />
Des pratiques ora<strong>le</strong>s comme l’exposé ou <strong>le</strong> compte rendu, <strong>le</strong> questionnement ou la<br />
formulation d’un avis ne peuvent pas être considérés comme des formes dont il faudrait<br />
seu<strong>le</strong>ment maîtriser <strong>le</strong>s codes. Même s’ils portent sur des sujets familiers, ils mettent en<br />
jeu des contenus, des savoirs, une façon d’élaborer l’expérience, des raisonnements, et<br />
ont une fonction de réf<strong>le</strong>xion sur <strong>le</strong> vécu et d’accès aux connaissances. Ces dimensions<br />
pèsent fortement dans <strong>le</strong>s jugements de qualité, et d’autant plus quand <strong>le</strong>s prises de paro<strong>le</strong><br />
sont intégrées à des visées de constructions de savoirs. L’évaluation du langage doit donc<br />
prendre en compte la façon dont <strong>le</strong>s présentations abordent <strong>le</strong>s sujets choisis, à quel niveau<br />
de traitement, selon quels modes de structuration, ce qui détermine en partie <strong>le</strong>s genres<br />
discursifs adoptés (chronique ou explication, par exemp<strong>le</strong>) et <strong>le</strong>s indices de comp<strong>le</strong>xité sur<br />
<strong>le</strong> plan linguistique. Dans quel<strong>le</strong> mesure la pratique régulière des exposés suscite-t-el<strong>le</strong> des<br />
évolutions sur <strong>le</strong> plan de la qualité des contenus transmis ?<br />
2.1. Pour ceux qui exposent<br />
2.1.1. Présenter des livres<br />
Concernant la présentation de livres, certaines caractéristiques du genre relèvent d’une<br />
codification vite acquise par tous <strong>le</strong>s élèves ; ainsi la présentation d’éléments informatifs sur<br />
l’auteur, l’éditeur, mais aussi <strong>le</strong> fait de poser une question en fin de présentation pour tester la<br />
compréhension des camarades, sont respectés par tous. Hormis <strong>le</strong>s indices préalab<strong>le</strong>ment<br />
évoqués du nombre de livres lus et du sérieux dans la préparation, une évolution dans <strong>le</strong>s<br />
conduites de résumé peut être observée. On peut prendre comme indicateurs la longueur<br />
croissante de la présentation, chez l’ensemb<strong>le</strong> des élèves observés (même si ce critère est<br />
ambiva<strong>le</strong>nt), <strong>le</strong> nombre d’épisodes identifiab<strong>le</strong>s lié à une meil<strong>le</strong>ure mémorisation, qu’on peut<br />
observer chez la plupart des élèves. Ces évolutions, corollaires à une meil<strong>le</strong>ure aisance<br />
face au groupe et à un changement du rapport au travail scolaire, semb<strong>le</strong>nt significatives.<br />
On observe aussi une efficacité croissante de la plupart des présentations dans la gestion<br />
de la référence et dans l’explicitation : cadrage de la situation, identification des actants,<br />
succession des actions. La trame de l’histoire, <strong>le</strong>s relations entre personnages deviennent<br />
dans la plupart des cas plus compréhensib<strong>le</strong>s (avec des variations selon <strong>le</strong> degré de<br />
comp<strong>le</strong>xité de l’histoire, mais il faut souligner que <strong>le</strong>s livres choisis sont souvent des albums<br />
assez courts et simp<strong>le</strong>s pour des élèves de ce niveau scolaire). Sur ce point l’évolution<br />
semb<strong>le</strong> nette ; des élèves sont capab<strong>le</strong>s de recommencer une présentation ratée pour la<br />
retravail<strong>le</strong>r en restituant l’histoire de façon complète et compréhensib<strong>le</strong>.<br />
On peut observer des progrès dans la nature des enchaînements chez une partie des<br />
élèves : davantage de liens de causalité entre actions, ou d’opposition, de justification des<br />
conduites des personnages par explicitation de raisons ou d’intentionnalité. On voit apparaître<br />
quelques verbalisations d’états mentaux des personnages (croyances, buts, réactions aux<br />
événements). Ces évolutions semb<strong>le</strong>nt cependant plus <strong>le</strong>ntes et moins bien partagées :<br />
beaucoup de présentations d’histoires continuent à présenter une accumulation de faits<br />
dont la succession peut être inférée par l’auditeur, mais avec peu d’explicitation des liens<br />
logiques (conséquence, cause, condition) ou intentionnels (but et moyen, états mentaux des<br />
<strong>IUFM</strong> Nord-Pas de Calais