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Si nous commençons par <strong>le</strong>s différences, nous voyons qu’à l’éco<strong>le</strong> Freinet, <strong>le</strong> taux de<br />
modifications effectives des discours est bien moindre que celui re<strong>le</strong>vé à Provinces. Les<br />
injonctions du maître, dans cette classe, à reprendre, modifier un discours jugé inaudib<strong>le</strong> ou<br />
inexact sont suivies d’effet. En revanche, à Freinet, ce l’est dans une moindre mesure. En<br />
conséquence, nous pouvons nous interroger sur <strong>le</strong> fait que des discours erronés puissent<br />
ne pas être repris, corrigés, amendés immédiatement. La liberté de paro<strong>le</strong>, la participation<br />
col<strong>le</strong>ctive, <strong>le</strong> statut de l’erreur non discriminante sont ici à opposer à un mode d’enseignement<br />
très « dirigiste », qui établit très nettement des positions différentes, mais où <strong>le</strong>s élèves sont<br />
« obligés » de rectifier <strong>le</strong>urs erreurs.<br />
De même, <strong>le</strong>s deux modes d’enseignement peuvent aussi être opposés par <strong>le</strong> pourcentage<br />
de paro<strong>le</strong>s d’élèves « donnant <strong>le</strong>ur avis » lorsque <strong>le</strong> maître ou un élève évalue. Cette fois,<br />
c’est à Freinet que <strong>le</strong>s pourcentages de réponse sont conséquents : <strong>le</strong>s élèves donnent un<br />
avis sur une proposition, tandis qu’à Provinces, malgré des sollicitations, ils ne <strong>le</strong> font pas.<br />
Cette dernière différence n’est pas surprenante, et complète l’opposition remarquée.<br />
4. En guise de conclusion<br />
Nous dégageons trois conclusions :<br />
– la cohérence des types de pratiques langagières dans la classe de mathématiques<br />
à Freinet,<br />
– l’adéquation entre <strong>le</strong>s caractéristiques re<strong>le</strong>vées de ces pratiques et cel<strong>le</strong>s des<br />
compétences et attitudes des élèves,<br />
–<br />
la cohérence des résultats et des descriptions obtenues avec <strong>le</strong>s résultats et <strong>le</strong>s<br />
descriptions des travaux des membres de l’équipe travaillant dans d’autres disciplines<br />
scolaires.<br />
4.1. La cohérence des pratiques langagières dans <strong>le</strong>s classes de<br />
mathématiques<br />
Malgré <strong>le</strong>s différences qui ne peuvent être effacées entre <strong>le</strong>s maîtres ni entre des élèves<br />
de niveaux scolaires distincts, il semb<strong>le</strong> qu’à l’éco<strong>le</strong> Freinet l’analyse des pratiques<br />
langagières dans <strong>le</strong>s classes de mathématiques nous conduisent à iso<strong>le</strong>r des modes de<br />
fonctionnement, des usages relativement stab<strong>le</strong>s et originaux. Du point de vue des modes de<br />
fonctionnement de l’écrit, nous rappelons que <strong>le</strong>s écrits individuels produits dans <strong>le</strong>s classes<br />
de mathématiques sont des écrits inscrits dans la continuité du travail de l’élève, signifiants<br />
pour ces derniers. Du point de vue des usages du langage à l’oral dans la classe, nous<br />
avons pu mettre en évidence <strong>le</strong>s caractéristiques suivantes : <strong>le</strong>s prises de paro<strong>le</strong> sont des<br />
prises de paro<strong>le</strong> partagées (même si <strong>le</strong> maître par<strong>le</strong> davantage parfois). Les interventions<br />
des élèves ne se limitent pas à des réponses à des questions posées par <strong>le</strong> maître mais sont<br />
des interventions au cours desquel<strong>le</strong>s un même élève peut dérou<strong>le</strong>r son propre discours,<br />
en adoptant des positions différentes : tour à tour il peut être exposant et dans ce cas<br />
soumis aux interrogations, aux propositions de reformulations etc. des autres acteurs de la<br />
classe, ou il peut être « critique » et dans ce cas soumettre l’autre à des interrogations, des<br />
reformulations, des évaluations etc. De même, <strong>le</strong>s interventions du maître sont particularisées<br />
par <strong>le</strong> fait qu’el<strong>le</strong>s ne sont pas uniquement des questions factuel<strong>le</strong>s ou de recherche, mais<br />
surtout par <strong>le</strong> fait qu’el<strong>le</strong>s ne sont pas stigmatisantes puisque la dimension évaluative est<br />
fortement minorée par d’autres dimensions et qu’au contraire, l’enseignant dans <strong>le</strong>s classes<br />
<strong>IUFM</strong> Nord-Pas de Calais