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« activités », rendues « visib<strong>le</strong>s » par <strong>le</strong>ur exposition dans <strong>le</strong> cahier de vie unifie ainsi <strong>le</strong>s<br />
pratiques scolaires sans pour autant <strong>le</strong>s brouil<strong>le</strong>r et <strong>le</strong>s transporte à la maison.<br />
En moyenne section, <strong>le</strong>s enfants de l’éco<strong>le</strong> Freinet disent presque tous écrire à l’éco<strong>le</strong>.<br />
Dans <strong>le</strong>urs propos, certains distinguent <strong>le</strong>s dessins et <strong>le</strong>s objets d’écriture. Eliséa :<br />
« J’écris des bonhommes, j’écris pas des <strong>le</strong>ttres. »<br />
Nasim emploie faire et écrire pour marquer la différence :<br />
« Je fais des dessins, j’écris mon prénom, je fais du travail. »<br />
Ceux qui n’écrivent pas ont aussi conscience de cette dissemblance. Marcus :<br />
« Non, je dessine tous <strong>le</strong>s enfants. »<br />
Cette distinction est absente du discours des élèves du premier corpus. Nicolas S.:<br />
« D’accord. Et toi à l’éco<strong>le</strong>, est-ce que tu écris ?<br />
– J’écris des dessins, mais, mais pas pour faire des traits. »<br />
Cette allusion aux activités de graphisme est fréquente dans <strong>le</strong> corpus . Ces activités de<br />
graphisme sont décrites très précisément. C’est <strong>le</strong> cas pour <strong>le</strong> bateau, la toi<strong>le</strong> d’araignée et<br />
<strong>le</strong>s poissons. Voici <strong>le</strong>s propos de Julie :<br />
« Tu écris à l’éco<strong>le</strong> ? Et qu’est ce que tu écris ?<br />
– Un bateau.<br />
– Hum. D’acc…<br />
– Avec des barres. »<br />
Voici ceux de Matthieu :<br />
« Un mouchoir Halloween.<br />
– D’accord. Oui.<br />
– Et ça c’est Madame…, j’ai fait des toi<strong>le</strong>s d’araignée et el<strong>le</strong> a fait une grosse araignée<br />
dessus. »<br />
On ne trouve pas ces remarques dans <strong>le</strong> corpus Freinet, mais on trouve <strong>le</strong> terme<br />
« activités ».<br />
La distinction entre iconographie et écriture s’opère chez <strong>le</strong>s élèves du premier corpus par<br />
une comparaison tripartite (graphisme, dessin, écrit) alors que pour <strong>le</strong>s élèves Freinet, el<strong>le</strong><br />
se ferait grâce à des comparaisons plus larges. Outre <strong>le</strong>s allusions au cahier de vie et à<br />
d’autres supports (cahier d’écrivain, portfolio, travail, etc.), ces mêmes enfants déclarent<br />
en effet « faire » des objets du monde (bonhommes, photos, cœurs, peintures, dinosaures,<br />
chevaliers, dessins) et des objets d’écriture (<strong>le</strong>ttres, noms, alphabet, prénom, travail, chiffres).<br />
Le terme « activités » recouvre pour l’instant toutes <strong>le</strong>s pratiques scolaires qu’el<strong>le</strong>s soient<br />
scriptura<strong>le</strong>s ou iconographiques permettant à certains élèves ayant conscience de ne pas<br />
« encore savoir écrire » de trouver place à l’éco<strong>le</strong> et de construire <strong>le</strong>ur rapport à l’écriture<br />
particulière qu’est l’écriture scolaire.<br />
La différence entre écrire et dessiner est davantage remarquée par <strong>le</strong>s enfants de petite et<br />
moyenne sections de l’éco<strong>le</strong> Anne Frank que par ceux du premier corpus. Alors que cette<br />
distinction se fait jour en moyenne section pour <strong>le</strong>s élèves du corpus , la majorité des élèves<br />
du corpus Freinet annonce dès la petite section une différence entre ces deux actions ;<br />
distinction qui se manifeste discursivement par l’emploi de termes précis : faire, dessiner,<br />
écrire. Cependant, cette différence n’est pas encore explicitée : « c’est pas pareil » répond<br />
la majorité des élèves.<br />
<strong>IUFM</strong> Nord-Pas de Calais