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différentes, il ne s’agit pas de répondre à une demande de soin, mais d’enrichir nos
connaissances sur cet élève à l’école. Le concept nous paraît cependant tout aussi utile.
Si l’enfant n’a pas pu construire une bonne image de lui, une solidité en lui-même, le
changement peut le déstabiliser. Tout changement, comme l’arrivée dans une nouvelle école
en cours de scolarité ou plus tard le passage en sixième, est une période de fragilité. Le
changement d’école peut s’inscrire dans un changement de vie : déménagement, séparation
ou divorce des parents, deuil… Il peut aussi être voulu pour rompre avec un cadre scolaire
non satisfaisant, mais n’en est pas pour autant facile.
Le changement d’école, inscrit dans ce concept d’image inconsciente du corps permettra
d’explorer toutes sensations inscrites dans le corps par le biais des cinq sens ou de
sensations cénesthésiques (la sensation interne d’être écrasé, étouffé, peut être forte sans
qu’elle soit justifiée par des éléments réels…) et d’explorer ce que peut ressentir l’enfant par
rapport aux déplacements dans l’espace ou aux rythmes du temps. Certains souvenirs forts
vont revenir à la surface, ou plus exactement certaines sensations pourront faire rejaillir
des souvenirs… à mettre en mots. Quelques questions vont orienter cette exploration :
quel est l’endroit où tu te sens le mieux ? Y a-t-il un endroit où tu n’as pas envie d’aller ?
Où tu n’aimes pas rester ? Y a-t-il un moment que tu aimes bien ? Où tu voudrais que ça
dure longtemps ? Où tu voudrais que ça passe tout de suite ? Le concept permet d’explorer
comment ces sensations mises en place dans les relations primordiales rejaillissent dans
les relations futures, à travers les relations à ceux qui l’aident, les relations à ceux à qui
l’élève se compare, à ceux avec qui il peut discuter du règlement ou des problèmes, ou
encore à ceux qui lui imposent un mode d’être ou de faire… Sans que cela soit dit, certaines
atmosphères, certaines ambiances vont réveiller ce que l’enfant a emmagasiné dans ses
premières années et faire qu’il éprouve son corps comme refuge solide, désirant et jouissant
de la satisfaction dans l’échange, ou qu’à certains moments ce soit la peur, le repli, la
frustration qui dominent. Le changement d’école, en convoquant la comparaison comme
nous l’avons vu à l’œuvre chez les adultes, va permettre à l’enfant de tisser des liens entre
ce présent et son passé. Mais dans cette descente au psychisme, conscient et refoulé sont
mêlés et le discours va traduire cette confusion ou cette émergence en cours. Nous serons à
la recherche des manifestations de cet inconscient. Se dit-il dans cet entretien de recherche
sous forme d’associations libres comme le veut la règle fondamentale de la thérapie, ou
sous ces formes décrites par Freud et qui s’appliquent si bien à ce type d’entretien : lapsus,
oublis, mots d’esprit, erreurs de langage, « actes et gestes que les hommes accomplissent
sans les remarquer et, à plus forte raison, sans y attacher d’importance psychique : jouer
machinalement avec des objets, fredonner des mélodies, tripoter ses doigts, ses vêtements,
etc. » (Freud, 0 ) ou bien sous des formes de contrôle imposé par le conscient qui tentent
de tout justifier pour maintenir le « perturbateur » à la porte…
Nous allons donc mêler étude du discours et du contenu pour aller à la recherche de ce
que dit l’enfant de lui-même vivant avec son image inconsciente du corps dans cette école,
dans l’école d’avant, de sa vie parascolaire… éventuellement de sa vie familiale, de ce qui
lui permet d’être heureux mais aussi de ce qui le fait souffrir…
1.2. La stabilité du « soi » à l’école : trois positions d’élève
Nous rappelons ici brièvement ce qu’a permis de mettre en évidence l’analyse de dix
entretiens menés avec des élèves arrivés dans cette école en pédagogie Freinet (désormais
école Freinet)
IUFM Nord-Pas de Calais