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Comme motifs de souffrance apparaissent <strong>le</strong>s vio<strong>le</strong>nces physiques ou verba<strong>le</strong>s de la part<br />
des adultes ou des pairs, la peur d’être regardé ou de subir des humiliations publiques ou<br />
des injustices, <strong>le</strong>s sentiments de frustration au niveau de la liberté quand l’élève est obligé de<br />
faire (ou de manger à la cantine) quelque chose qu’il n’aime pas, mais aussi <strong>le</strong>s souffrances<br />
dues aux séparations. Dans toutes ces situations, il nous semb<strong>le</strong> essentiel<strong>le</strong>ment à travers<br />
<strong>le</strong>urs dires, que <strong>le</strong>s élèves d’autres éco<strong>le</strong>s, subissent. Il semb<strong>le</strong> que <strong>le</strong>ur désir ne peut<br />
s’exprimer. Nous ne <strong>le</strong>s avons pas entendu proposer de solution pour en sortir. L’individu<br />
semb<strong>le</strong> prisonnier d’un pouvoir qui pèse sur lui.<br />
Il est d’autres situations qui viennent d’ail<strong>le</strong>urs ou d’avant… et que l’élève transporte avec<br />
lui à l’éco<strong>le</strong>. Quelques enfants évoquent des atteintes physiques. Mélanie dit à propos des<br />
mots d’absence qu’el<strong>le</strong> est asthmatique, sans s’y attarder, sauf par un long si<strong>le</strong>nce. Lucie<br />
se révè<strong>le</strong> victime de beaucoup de choses qu’el<strong>le</strong> n’a pas choisies : « ma mère el<strong>le</strong> m’a mis<br />
dans cette éco<strong>le</strong> là », de l’injustice des adultes à son égard (à la cantine ou en classe) et<br />
revient plusieurs fois sur ses b<strong>le</strong>ssures au genou, pour dire que tout choc réveil<strong>le</strong> la b<strong>le</strong>ssure<br />
physique : « et pis el<strong>le</strong> m’a donné un coup de pied et ça s’est ouvert un petit peu » mais la<br />
b<strong>le</strong>ssure psychique aussi, puisque « à la piscine samedi je me suis ouvert en sautant en<br />
arrière et c’est <strong>le</strong> bord qui m’a cogné ». Justine a évoqué avec sa peur du noir, son aversion<br />
pour la cou<strong>le</strong>ur noire et sa peur de perdre « ses camarades, sa maîtresse, sa mamie et son<br />
pépère ».<br />
Avec Tom et Corentin nous avons vu ce qui peut être vécu comme souffrance à l’éco<strong>le</strong>…<br />
sans savoir ouvertement si cette manière de se sentir rejeté, mis à l’écart prend appui sur<br />
d’autres souffrances du même ordre. Tom va avoir une peur terrifiante de repenser à ce<br />
qu’il a vécu et Corentin après avoir insisté longuement sur <strong>le</strong> fait qu’il explique aux autres<br />
sa méthode pour <strong>le</strong>s soustractions, avoue à mots couverts qu’il y était fortement invité mais<br />
qu’ils ne l’écoutent pas : « et après j’ai du dire comment j’ai fait euh… aux autres élèves<br />
après, ouais j’aime bien, en fait el<strong>le</strong> est bien cette méthode… ils m’écoutent, mais sauf que,<br />
parfois à la fin de, quand on rentre chez nous, il sont souvent un petit peu trop bruyants. Ils<br />
sont un petit peu trop bruyants <strong>le</strong>s élèves y’a des moments ».<br />
Le cas de Charlotte a été peu évoqué. El<strong>le</strong> par<strong>le</strong> très peu de l’éco<strong>le</strong> pendant l’entretien<br />
sauf pour dire de l’ancienne éco<strong>le</strong> qu’el<strong>le</strong> y était « première toute l’année » et de cel<strong>le</strong>ci<br />
« bah… ». El<strong>le</strong> par<strong>le</strong> beaucoup plus de sa situation familia<strong>le</strong> : parents séparés, famil<strong>le</strong><br />
recomposée de chaque coté qu’el<strong>le</strong> voudrait voir disparaître. Comment peut-el<strong>le</strong> arriver à<br />
être sage chez el<strong>le</strong>, comme el<strong>le</strong> est sage à l’éco<strong>le</strong> ?… À travers cette interrogation qu’el<strong>le</strong><br />
réitère plusieurs fois, se fait jour son raisonnement – si on n’est pas sage à l’éco<strong>le</strong>, on est<br />
puni, on va dans <strong>le</strong> couloir – calqué sur un raisonnement de sa mère : « si tu fais ce que <strong>le</strong><br />
‘toutou’ il dit… ». Comment renverser <strong>le</strong> raisonnement et faire qu’en étant sage… <strong>le</strong>s choses<br />
changent à la maison comme el<strong>le</strong>s changent à l’éco<strong>le</strong> : tel est <strong>le</strong> di<strong>le</strong>mme qui l’habite en<br />
permanence : « je suis pas sage chez moi… (ah bon ça veut dire quoi ?) j’sais pas » En<br />
effet à l’éco<strong>le</strong> si on n’est pas sage, on va dans <strong>le</strong> couloir « <strong>le</strong>s fil<strong>le</strong>s el<strong>le</strong>s y vont jamais…<br />
j’sais pas pourquoi moi j’y vais jamais, c’est bien de pas y al<strong>le</strong>r » Similitude avec <strong>le</strong>s propos<br />
de Rosine (à l’éco<strong>le</strong> F) à propos de son régime « sans sel, sans sucre qu’el<strong>le</strong> doit suivre…<br />
pour être bien à notre corps » : même contrainte qui pèse sur l’enfant. Charlotte comme<br />
Rosine soignent un lapin dans la classe. Dans la classe de Charlotte il n’y a qu’un garçon,<br />
ce sont « <strong>le</strong>s fil<strong>le</strong>s qui lui donnent à manger… des fois on va se promener, on fait des tours<br />
dans la cour ». Étrange coïncidence ! mais pour Rosine c’est un métier reconnu par la<br />
classe. El<strong>le</strong> en a la responsabilité.<br />
Clélia à l’éco<strong>le</strong> F, révélait par l’intermédiaire du papillon que son cocon à el<strong>le</strong> c’était son lit<br />
<strong>IUFM</strong> Nord-Pas de Calais