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1.2. Analyse d’incidents
Si les maîtres Freinet, année , ne déclarent aucune victimation au moment de l’enquête, les
entretiens montrent que les années scolaires sont cependant ponctuées d’incidents, incidents
dont le nombre a diminué selon les enseignants . Outre la vulnérabilité différentielle à la
violence que nous venons d’exposer, il convient donc d’étudier deux autres hypothèses :
– la violence a diminué mais aussi changé de formes, ce qu’il en reste n’est plus
considéré comme un problème endémique par les enseignants ;
–
les incidents ne sont pas lus comme des violences car cette lecture implique un
découpage victimes-auteurs qui ne correspond pas à la grille d’analyse et de gestion
des situations des maîtres Freinet.
1.2.1. Une diminution du phénomène de violence
La violence a diminué , ce qu’il en reste n’est plus considéré comme un problème endémique
par les maîtres Freinet, même si elle peut réapparaître sporadiquement. Elle ne constitue
plus un problème à partir du moment où elle n’est plus un obstacle au travail de la classe.
« Quand on y est, moi je pense qu’il n’y a pas plus de violence… comment je dirais ça…
générale, sous-jacente, d’un peu partout, de tous les coins, ça non je trouve qu’il y en a
plus. »
« Quand on y est, moi je pense qu’il n’y a plus de violence… comment je dirais ça… générale,
sous-jacente, d’un peu partout, de tous les coins, ça non je trouve qu’il y en a plus. […] je trouve
que dans l’école on n’a pas tant… on n’a pas beaucoup de problèmes de violence. Par rapport
à […] où j’étais avant, qui est quand même un quartier… c’est quand même pas un quartier
extrêmement chaud. On a moins d’enfants qui reviennent en récréation avec des bosses ou…
parce qu’ils se sont télescopés, ou parce qu’ils se sont renversés ou… moi je trouve qu’on soigne
relativement peu d’enfants par exemple à la récréation. C’est quand même un signe, ça veut dire
que, même hors le fait de se taper à coups de poing, quand tu as pas eu beaucoup d’accidents,
c’est quand même le signe que t’as pas eu des jeux où on a passé son temps à courir comme
des fous sans faire attention à personne autour de nous. Ça, moi, je trouve qu’on n’a pas trop […].
Moi je trouve que c’est assez tranquille » (CE , année ).
« Il y a une dose normale » [d’agressivité]
« ils chahutent un peu, bon ils chahutent parce que après, il faut pas non plus que n’importe quel
geste, le jour où il y aura plus un gamin qui enverra un coup de poing à un autre, je veux dire, il
faut pas non plus en faire toujours des montagnes, tu sais, on va convoquer la police municipale,
le ministère de la justice, non mais c’est vrai […]. Ouais, c’est plus ça que le reste, et puis après,
ceci-dit, les gamins, c’est des gamins, moi si je vais à la piscine là, qu’on sort comme tout à
l’heure, et je vois une flaque d’eau, et si je vois qu’il y en a pas un qui marche dans la flaque
d’eau, j’arrête tout le monde et je leur dis allez hop chacun son tour on y va hein, ou alors c’est
plus des gosses quoi, enfin je sais pas, faut pas non plus déconner quoi, donc qu’ils aient une
agressivité à libérer, que ce soit à travers des choses et tout ça, moi je pense qu’il y a une dose
normale si tu veux » (CM , année ).
La disparition des actions en direction de l’institution, du fonctionnement de l’école rendant
improbable le basculement du quotidien dans le non lisible, le non maîtrisable (comme le
montre très directement le premier extrait) enterre une lecture sociale sur le registre de la
violence. Si les problèmes diminuent, les enseignants soulignent cependant qu’il reste des
Leurs discours concordent avec les observations réalisées au sein de l’école montrant une baisse
manifeste des violences au bout d’un mois de prise en main de l’équipe pédagogique (année ), cf. Carra,
Faggianelli, 00 .
cf. Carra, 00 a, qui expose tout particulièrement l’évolution du phénomène à partir des données
élèves et parents.
IUFM Nord-Pas de Calais