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Jocelyne.
Cette analyse s’était conclue en mettant en évidence trois positions d’enfants dans cette
situation scolaire. Dans le discours de trois petites filles présentes depuis deux ans dans
cette école nous avions pu déceler à la fois des formes de prise en charge du discours, un
grand nombre d’expression de liens explicites et certaines formes de recul par rapport aux
questions posées.
Ces trois aspects reliés montraient qu’il ne s’agissait pas de formes de justification qui
agissent comme protection du soi, ni de refus déguisé par le glissement vers un autre
sujet. On pouvait conclure à un certain plaisir à vivre et travailler dans cette école ou, pour
le dire autrement à un « je » disponible à l’apprentissage et à la relation scolaire. Dans un
deuxième cas il nous a semblé nous trouver face à une de ces positions intermédiaires
toujours intéressantes à creuser quel que soit le domaine de recherche. Quatre élèves
semblaient différents tour à tour : vantant avec autant de plaisir les différentes activités
scolaires que les premières élèves citées, et apparaissant prisonniers à d’autres moments
de situations personnelles difficiles à vivre. C’est dans ce groupe que nous avons pu relever
des associations libres assez inattendues qui permettaient alors de nouer des fils de proche
en proche et de livrer comme le dit Freud ( ), « ce que le sujet ne sait pas encore ». Ces
quatre « je » là semblaient pris dans un conflit intense. Mais la pédagogie dont ils parlaient
avec enthousiasme semblaient leur donner la possibilité d’exister autrement et de donc de
renforcer le désir de « je ». Dans un dernier cas la contrainte du milieu extérieur semblait
peser très fortement sur trois élèves. Notre analyse du discours montre que l’enfant craint
de se révéler et tente de mettre fin à un discours qu’il perçoit dangereux, soit par des
glissements dans un discours fleuve où se mêlent réalité et fantasme, soit par l’insistance
répétée des mots de fin « c’est tout », « voilà, », « j’ai pu rien à dire ». Là encore Freud
( 0 ) éclaire cette situation : la méthode d’association libre « semble échouer : le malade
s’arrête brusquement, hésite et prétend n’avoir rien à dire, qu’il ne lui vient absolument
rien à l’esprit. S’il en était ainsi, notre procédé serait inapplicable. Mais une observation
minutieuse montre qu’un tel arrêt des associations libres ne se présente jamais. Elles
paraissent suspendues parce que le malade retient ou supprime l’idée qu’il vient d’avoir,
sous l’influence de résistances revêtant la forme de jugements critiques. » Cette contrainte
du milieu extérieur semble résider dans une relation duelle forte qui enferme l’enfant. Le
« je » apparaît trompeur et trompé puisqu’il peut exprimer ce que d’autres « je » proposent
comme moi idéal, sans avoir la possibilité de s’en rendre compte. Toutefois, ce qui est
surprenant ici, comme nous avons pu le montrer à travers l’analyse d’entretiens menés avec
les enseignants, l’évolution de ces enfants se fait dans un cadre qui ne répond pas à ce
besoin légèrement forcené de relation duelle.
2. Changement d’école : analyse comparative de cas
La comparaison a pu être menée par l’intermédiaire d’entretiens réalisés par des étudiants
dans le cadre d’un module de méthodologie de licence au cours de l’année 00 - 00 et
00 - 00 . L’intérêt de cet échantillon est sa composition : il s’agit d’élèves qui ont changé
d’école dans différents contextes. Pourtant l’analyse va révéler des points communs entre
eux et dans le même temps rendre évidentes des particularités de l’arrivée dans cette école
en pédagogie Freinet, qui sans cela seraient sans doute passées inaperçues.
Il nous faut préciser ici que les questions (ou les fragments de questions) posés par le
chercheur seront parfois rappelés entre parenthèses par souci de fidélité au déroulement
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