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Construire des apprentissages en éducation
civique et morale
IUFM Nord-Pas de Calais
Maria PAGONI
Maître de conférences
Université de Lille III
Équipe THEODILE
Cette contribution s’inscrit dans la continuité de celle effectuée dans le rapport de recherche
de l’équipe ERTé de 00 concernant l’impact de la pédagogie Freinet mise en place par
les enseignants de l’école HB, sur l’éducation civique et morale des élèves. Cette première
contribution portait, plus précisément, sur l’analyse des représentations des élèves par
rapport au règlement scolaire, ses fonctions (pourquoi il existe), les dispositifs de sa mise
en place (conseil d’élèves), les droits et obligations des élèves et des enseignants, à partir
d’entretiens menés pendant les deux premières années du projet. Les analyses effectuées
mettaient en évidence qu’il y a deux tendances dans le discours des élèves interrogés :
– La première, observée essentiellement à l’école témoin, consiste en une attitude de
rejet de l’autorité de l’enseignant et de méfiance par rapport à la responsabilité dont il fait
preuve dans différentes situations : sa capacité de protéger les élèves en prenant une
décision juste ; la justice des sanctions imposées en classe ; la responsabilité dont il fait
preuve face à ses propres devoirs ; le respect exprimé vis-à-vis de l’élève. Les mêmes
élèves déclarent que le règlement intérieur de l’école est inutile. Il est un produit des
adultes, rigide et inefficace, qui ne prend pas en compte les besoins des élèves et qui
n’est pas nécessaire pour la régulation de la vie scolaire et la résolution des conflits.
– La deuxième tendance, observée surtout à l’école HB, consiste en la reconnaissance
de l’autorité de la loi dans toutes ses formes. Les actions et les choix des enseignants
sont reconnus comme légitimes et valides dans différents domaines : le domaine des
sanctions où la privation de l’autonomie est déclarée stimuler la réflexion de l’élève par
rapport à son action par opposition aux sanctions expiatoires (heures de colle) qui sont
considérées comme stériles et inefficaces ; le respect des enfants et de leurs droits,
ainsi que le respect des règles communes de l’école ; la disponibilité des enseignants
et la reconnaissance de leur efficacité vis-à-vis de la protection des élèves. Ces élèves
semblent reconnaître l’utilité du règlement intérieur de l’école et de la classe et des
autres institutions, comme le conseil d’élèves, et sont capables de décrire avec précision
le texte du règlement intérieur et de justifier sa mise en forme. En effet, à chaque article
du règlement correspondent trois colonnes qui définissent les obligations de chacun
des acteurs éducatifs : les enseignants, les élèves et les parents. Les élèves semblent
reconnaître ce texte comme source de définition des responsabilités de chacun.
Suite à ces résultats nous avons formulé l’hypothèse suivante : grâce au système
d’institutionnalisation des normes scolaires, la pédagogie mise en place dans cette école
favorise l’installation d’un climat de justice où élèves et enseignants sont soumis aux mêmes
lois explicites et formalisées. Ce climat contribue à une éducation à la responsabilité des
acteurs éducatifs :
–
Pour les enseignants, il s’agit d’adopter une attitude d’éthique professionnelle
(remplir son devoir envers une loi impersonnelle) et prendre la loi comme un objet
d’apprentissage (Pagoni, 00 ).