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les entretiens, peuvent être éclairées, au moins en partie, par les caractéristiques du M.T.P.
« Freinet », notamment en ce qu’il est actualisé dans ce que j’ai appelé (Reuter, 00 ) un
univers de l’écrit, c’est-à-dire le système de relations qui unit acteurs, objets et pratiques
dans le domaine de l’écrit en classe. La construction de ces univers a été opérationnalisée
méthodologiquement (Giguère et Reuter, 00 ) au travers d’une grille d’analyse comprenant
quatre catégories (écrits ; supports ; outils et activités), chacune d’entre elles étant détaillée
à l’aide de multiples critères (sources, usages, fréquence…).
La reconstruction de l’univers de l’écrit instauré dans cette école repose sur deux sources
principales : des observations ponctuelles (moins d’une journée) menées par divers
membres de l’équipe pendant les cinq années écoulées et des observations de moyenne
durée (une semaine en continu) menées essentiellement par Jacinthe Giguère ( 00 )
dans six classes (CE et CM ) pratiquant des pédagogies différentes (« classique », « de
projet » et « Freinet »). Pour des raisons d’économie, je m’en tiendrai ici à l’exposition de
ce qui m’apparaît à la fois comme spécifique de l’univers de l’écrit à H.B. et le plus à même
d’éclairer les résultats mentionnés.
8.1. Un univers riche et co-construit
En premier lieu, comparé à d’autres, cet univers de l’écrit apparaît bien plus stimulant. Il est
quantitativement important (plus de documents partout dans l’école et dans les classes) ;
diversifié dans ses sources (nombre de documents viennent des élèves), dans sa composition
(tous types d’écrits) , dans les supports et outils mis à la disposition des élèves, dans les
pratiques mises en œuvre (cf. ci-après). Il est renouvelé plus fréquemment, fonctionnalisé
(voir la multiplicité de pratiques, ainsi que son activation-appropriation par les élèves,
notamment en tant qu’aide ou recours, et l’intérêt que suscitent les nouveaux affichages).
Il est encore historicisé plus qu’ailleurs : il existe à H.B. des instruments collectifs liés à la
pédagogie Freinet (cahier de vie, journal de classe…), ainsi qu’un archivage minutieux des
productions des élèves qui peuvent leur resservir ou servir à d’autres, ultérieurement
8.2. Des pratiques singulières
Les pratiques qui actualisent cet univers sont régulières, fréquentes (les élèves écrivent
– et lisent – une multitude de textes et diversifiées fonctionnellement : ainsi, outre les
fonctions classiques de l’écrit à l’école, on trouve ici, de manière importante la régulation de
la vie collective ou du travail, le recours pour ses recherches… mais moins qu’ailleurs les
fonctions de contrôle ou de répression.
Elles sont principalement « ouvertes » (non réduites à la rédaction limitée d’une réponse
– solution unique), moins imposées par le maître (laissant dans de nombreux cas la place à
l’initiative et à l’autonomie des élèves y compris dans leur choix des outils et des supports)
et d’une durée plus longue et ajustée à chacun : il ne s’agit pas de faire le plus rapidement
possible ou sur un rythme unique, pré-déterminé par le maître, il s’agit de prendre le temps
nécessaire pour aller jusqu’au bout d’un projet de travail, en pouvant réfléchir, décanter,
Reuter et Carra, 00 .
Et pas seulement les règles à appliquer.
L’histoire n’est pas morte dans la mesure où le passé est constamment réactivé.
Ce qui est, de facto, beaucoup moins fréquent dans un M.T.P. classique.
IUFM Nord-Pas de Calais