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dans l’école, les comparaisons qu’ils établissent spontanément entre « l’école d’avant » et
« l’école ici » souvent complétées d’une analyse de ces différences, mais aussi les aspects
de leur vie personnelle, familiale, parfois cause de ce changement d’école. À travers cela se
fait jour une mise en relation de différents faits de leur vie et une prise de recul par rapport
aux effets de cette pédagogie pour eux-mêmes.
Faisant l’hypothèse qu’il y avait là, matière à dégager quelque chose de spécifique à la
manière de vivre un changement d’école pour les élèves, l’étude d’entretiens avec d’autres
élèves qui ont aussi changé d’école au cours de la scolarité primaire constituera le cœur de
ce rapport. La comparaison sera établie en deux temps.
Dans un premier temps un parallèle établi entre des entretiens pris deux à deux feront ressortir
des situations qui se ressemblent mais des manières très différentes de les vivre. Pour Inès
et Justine, toutes les deux au CM , apparemment tout va bien, mais il y a quand même des
zones d’ombre dans la vie personnelle, des motifs de frustration ou de rivalité. Toutefois on
voit Inès parler avec plaisir de sa classe, tandis que Justine revient sans cesse aux mêmes
aspects qui semblent empoisonner sa vie. Entre Raïssa et Nas, toutes deux au CM et « en
retard » pour leur âge dans cette classe, il y a une similitude de problèmes familiaux. Nas
ne peut pas « sortir de la séparation » pour aimer quoi que ce soit en classe. Si les deux ont
un fort sentiment d’être victime, Raïssa peut mettre des mots dessus et entendre quelques
questions qui la concernent de près. Enfin Boris et Tom vivent un énorme rejet de « l’école
d’avant », avec probablement dans les deux cas une emprise maternelle assez forte, et un
sentiment d’être le bouc-émissaire des autres, de subir des choses dont ils ne comprennent
pas le sens. Face au « symptôme » il y a eu une réponse : ils ont changé d’école, mais il
semble bien que Boris trouve à l’école Hélène Boucher les moyens de chercher le sens du
symptôme et donc de se reconstruire, alors que Tom ne peut que chercher à oublier, tout en
manifestant dans l’entretien combien le malaise reste ancré en lui. Son histoire reste un cas
à part, son cas… malheureux par rapport aux autres, tandis que l’histoire de Boris prend du
sens parce que d’autres peuvent donner un sens à cette histoire. Ces histoires présentées
en parallèle permettront alors d’examiner les différences fondamentales exprimées par ces
élèves et de s’interroger sur les pratiques pédagogiques qui les sous-tendent.
À l’issue de ces comparaisons, on se posera la question plus large de l’intérêt d’un mode de
travail pédagogique face aux souffrances des élèves à l’école.
1. Changement d’école : quel intérêt pour la recherche ?
Comme cela a été évoqué dans l’introduction, cet intérêt pour le « changement vécu »
est issu des premiers entretiens menés par Yves Reuter ( 00 ) avec les personnels de
l’école qui étaient confrontés à la mise en place d’une nouvelle équipe pédagogique. Ce
qui ressortait de leur discours avait fortement trait à l’ambiance de l’école : ambiance de
calme, de travail, parfois de silence étonnant « c’est vrai que il y a une ambiance là quand
on arrive là à F qu’on ne retrouve pas dans les autres écoles ; c’est calme, les enfants
ils viennent vous accueillir, ils ont l’air très à l’aise… C’est vrai qu’il y a pas de bruit…
l’ambiance c’est très, très particulier quand on rentre, on est surpris par ça » dit l’infirmière,
pour ajouter un peu après : « quand je suis arrivée, c’est vraiment l’impression que j’ai
eue, même moi je m’installais dans une salle et on est venu me voir “qu’est-ce que c’était
que tout ce bruit ?” ». À leur arrivée d’autres personnels font les mêmes remarques. Ainsi
la psychologue scolaire constate « même les sorties de classe quand ils sortent dans le
couloir, y a pas de bruit » et elle ajoute : « ailleurs c’est un brouhaha indescriptible ». Une
IUFM Nord-Pas de Calais