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elle raconte aussi avec une certaine émotion comment se mettent en place des moqueries
collectives retournées sur l’ensemble de la classe à propos d’un élève « Y a des filles qui
aiment pas un garçon parce qu’il est petit et il a une maladie des os, et euh quand ils le
touchent, ils, quand ils le touchent après, ils heu, enfin M. ils le touchent c’est celui qui a
la maladie, eh ben euh, après euh ils nous touchent et pis ils disent “t’as la maladie de M”,
alors que ça, c’est pas gentil quoi ».
Les élèves craignent aussi les grands et les menaces physiques qu’ils représentent. À
la question de savoir l’endroit qu’elle aime bien dans l’école, Marie répond en termes de
« camp » et de peur : « vers la droite c’est pour les plus grands et vers la gauche c’est pour
les plus petits. Donc euh quand on va vers les plus grands on se sent plus bousculé » mais
ajoute « ben, euh les grands, y s’foutent de nous ! Y font n’importe quoi, quoi ! Ils nous
poussent, ils font “on est les plus grands, on fait n’importe quoi !” ça ce qu’ils disent » et si
quelqu’un la pousse elle n’ose rien dire. De fait les actes physiques sont aussi bien présents
dans le quotidien des élèves entre eux. Elsa raconte ainsi son changement d’école : « ils
arrêtaient pas de m’embêter, ils m’ont pris pour me faire mal et moi je me suis sauvée parce
que sinon et… et… un autre jour ils m’ont griffé là… après ils m’ont tenue et m’ont fait mal…
ils ont recommencé parce qu’ils m’ont pas eue… après j’ai eu peur et euh… on m’a changé
d’école ». Pour Lucie ces coups là s’ajoutent à des blessures anciennes : « il y a une fille en
CE2 qui m’a tapée parce qu’en fait j’ai trois points de suture à mon genou là et pis elle m’a
donné un coup de pied et ça s’est ouvert un petit peu. »
Les entretiens avec les élèves de l’école Freinet montre qu’autour des mêmes thèmes :
relations positives ou propos portant sur les copains et copines, relations négatives comme
la peur des brutalités des garçons, des bagarres, ou des moqueries s’ouvrent deux voies
très différentes dans ce quotidien.
D’une part les relations positives qui se tissent dans les jeux partagés en récréation, le sport
ou les liens de quartier, vont être alimentées par des moyens de se connaître mieux et de
se respecter, à l’intérieur du travail scolaire. On a déjà cité des propos d’élèves insistant sur
les méthodes pédagogiques permettant de mieux connaître les autres : les présentations de
textes, les conférences, les recherches. De tels moyens d’apprentissage qui favorisent les
liens entre les élèves ne sont absolument mentionnés dans les autres écoles.
Il n’est pas question ici de connaissance supposée des avis ou des opinions des autres. Rien
ne reste dans le non-dit : on se souvient de Boris s’interrogeant sur cette ligne qui empêche
de parler aux parents de l’autre coté de la grille et on peut être étonné de l’entendre tenir
un « propos d’adulte » à propos des deux écoles primaire et maternelle : « ce qui me fait
plaisir aussi c’est l’union des deux écoles… (les petits) écoutent des fois des choses fait par
les grands et tout et que les, rien que pour une chorale les CM2 ils vont en mat- que moi
avant… ». De même tout peut se dire aux moments prévus pour la discussion « il y a une
chose aussi très, très bien, je trouve pour l’école c’est les réunions de classe et d’école…
des enfants à chaque classe… qui parlent, qui discutent des choses qui sont bien ou qui ne
sont pas bien pour eux, après on discute dessus pour voter pour changer les règles, en fait
en classe c’est pareil mais sinon en classe c’est plutôt ce qu’il y a à l’intérieur de la classe…
j’aime bien ce procédé-là ». Dans le même ordre d’idées, on a vu plusieurs élèves parler de
leur choix de livres pour la lecture aux plus petits, mais aussi et surtout de leur plaisir à faire
cette activité de lecture dont ils disaient grand bien pour leur propre apprentissage.
En résumé il semble bien que dans cette école le plaisir compte et qu’il peut se dire.
D’autre part, tout comme dans les autres écoles, les relations entre pairs sont aussi
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