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avec <strong>le</strong>s caractéristiques du sujet traité, son degré de distance par rapport à l’expérience<br />
du locuteur, la sécurité du locuteur en fonction des risques qu’il a pris : certains élèves<br />
arrivent à se détacher de l’écrit et à improviser parce qu’ils ont choisi un sujet proche de<br />
<strong>le</strong>ur expérience ou bien balisé ou routinier, dans d’autres cas l’absence de familiarité avec<br />
<strong>le</strong>s contenus transmis ou <strong>le</strong>ur difficulté conduit à un retour à la <strong>le</strong>cture du document écrit. La<br />
progression n’est donc pas linéaire, mais globa<strong>le</strong>ment, on peut observer que si la maîtrise<br />
en reste inéga<strong>le</strong>, l’ensemb<strong>le</strong> des élèves a été amené à expérimenter cette pratique très<br />
diffici<strong>le</strong> qui articu<strong>le</strong> l’écrit et l’oral, à prendre conscience de certaines contraintes.<br />
Les évolutions dans <strong>le</strong> positionnement de soi à travers la présentation ora<strong>le</strong> peuvent se<br />
marquer aussi par des changements qualitatifs dans la posture énonciative. Entre par<strong>le</strong>r<br />
en son propre nom (<strong>le</strong> je particulier du témoignage d’expérience, du récit d’actions), et <strong>le</strong>s<br />
formes de transmission où <strong>le</strong> sujet s’efface derrière <strong>le</strong>s informations prises sur Internet, on<br />
peut repérer quelques indices d’apprentissage de conduites mixtes : par<strong>le</strong>r en son propre<br />
nom, mais d’une démarche de recherche ou d’un raisonnement, et toutes <strong>le</strong>s façons de<br />
passer du particulier au générique et réciproquement. Majoritairement, <strong>le</strong>s exposés relèvent<br />
soit de l’une, soit de l’autre dimension : beaucoup de sujets sont ancrés dans l’expérience<br />
personnel<strong>le</strong> et restent proches du témoignage, même au cours moyen (récit d’un voyage ou<br />
d’un événement de la vie quotidienne, une maladie ou la description d’un animal familier par<br />
exemp<strong>le</strong>). Cet ancrage dans l’expérience vécue est d’ail<strong>le</strong>urs explicitement valorisé par <strong>le</strong>s<br />
enseignants comme moyen de créer une mobilisation pour la recherche de connaissances.<br />
La deuxième catégorie d’exposés concerne des sujets qui correspondent plus ou moins à un<br />
intérêt personnel, mais que <strong>le</strong>s élèves ont traités par un recueil d’informations impersonnel<strong>le</strong>s<br />
glanées dans des documents, souvent sous forme de listes (<strong>le</strong>s scorpions, la fabrication<br />
des voitures, <strong>le</strong>s bijoux, <strong>le</strong>s maisons au Moyen Âge, <strong>le</strong> Japon…). Pour <strong>le</strong> premier type<br />
d’exposés, la difficulté qui subsiste en cours moyen est de présenter un témoignage impliqué<br />
sans rester seu<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong> particulier et l’anecdotique, en pointant vers des éléments<br />
de généralisation possib<strong>le</strong>, des questions et des contenus de savoir impliqués dans <strong>le</strong>s<br />
faits présentés. Surtout en CM où ces démarches sont formulées de façon explicite et<br />
plus systématique, différentes procédures ont été proposées, pour expliciter et favoriser<br />
ce passage nécessaire d’une implication affective et expérientiel<strong>le</strong> à une implication plus<br />
épistémique et heuristique : à partir du récit d’une visite à Eurodisneyland, chercher quel<strong>le</strong>s<br />
questions on peut se poser à partir des parcs d’attraction, par exemp<strong>le</strong>. Complémentairement,<br />
pour <strong>le</strong> second type d’exposés, la difficulté est de ne pas se contenter d’un inventaire de<br />
données pré<strong>le</strong>vées dans des documents, mais de montrer une démarche personnel<strong>le</strong> de<br />
questionnement, de réf<strong>le</strong>xion en rapport avec son expérience et ses motivations. Là aussi<br />
certaines procédures sont explicitées (noter en début de préparation <strong>le</strong>s questions qu’on se<br />
pose sur <strong>le</strong> sujet, ce qu’on sait déjà etc.), mais <strong>le</strong>s élèves ont dans l’ensemb<strong>le</strong> des difficultés<br />
à <strong>le</strong>s rendre opératoires. Dans <strong>le</strong>s deux cas, <strong>le</strong>s changements de régime dans l’implication<br />
restent ténus et assez laborieux, et cette difficulté semb<strong>le</strong> une des plus diffici<strong>le</strong>s à surmonter.<br />
D’une séance à l’autre, <strong>le</strong>s élèves intériorisent assez vite la règ<strong>le</strong> (introduire en début ou<br />
en fin d’exposé un petit coda sur <strong>le</strong> pourquoi, par exemp<strong>le</strong>) ; mais ce coda reste souvent<br />
formel ou tautologique (j’ai fait une recherche sur la fabrication des voitures parce que c’est<br />
intéressant je trouve <strong>le</strong>s voitures ; j’ai été dans une brasserie avec mes parents alors je<br />
vais faire une conférence sur la bière). Ce qu’il est beaucoup plus diffici<strong>le</strong> de formaliser, et<br />
d’apprendre pour <strong>le</strong>s locuteurs, c’est ce que Labov appel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s modes intégrés d’évaluation<br />
(au sens de ce qui dans <strong>le</strong> discours indique pourquoi on raconte cela), et d’autre part,<br />
à expliciter <strong>le</strong> point de vue du locuteur dans la présentation des données qu’il expose.<br />
On peut re<strong>le</strong>ver dans certains exposés des indices d’une explicitation de la démarche ou<br />
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<strong>IUFM</strong> Nord-Pas de Calais